Les juges de la cour d'appel devait sceller jeudi 30 janvier le destin judiciaire du cardinal Barbarin, condamné en première instance pour avoir dissimulé à la justice les agressions pédophiles de l'ancien prêtre Bernard Preynat, qui vient d'être jugé à Lyon. Mgr Barbarin a été relaxé en appel.
En mars 2019, en première instance, le tribunal correctionnel de Lyon avait condamné l'archevêque de 69 ans à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus perpétrés par Bernard Preynat sur de jeunes scouts entre 1971 et 1991. Les juges avaient alors estimé qu'en ne dénonçant pas les actes qui lui ont été rapportés par une victime en 2014, Philippe Barbarin avait choisi de "préserver l'institution".
Le Primat des Gaules en titre, dont le pape a refusé la démission, avait immédiatement interjeté appel, ne s'estimant pas coupable devant la justice des hommes. Le procès en appel s'est déroulé à Lyon, fin novembre. Lors de ce nouveau procès, le procureur général n'avait pas demandé de peine à l'encontre du prélat. La cour d'appel avait mis son jugement en délibéré au 30 janvier 2020. L'arrêt de la Cour d'appel a été rendu ce jeudi après-midi. Le Cardinal Barbarin a été relaxé en appel par la justice.
Réactions des deux avocats du Cardinal P.Barbarin à l'annonce de la relaxe du prélat
Me Soulier, l'un des deux avocats de Philippe Barbarin, a réagi et s'est dit "plus que satisfait" :"Nous avons une juridiction qui a dit le Droit, comme l'avait fait Monsieur l'Avocat général dans un réquisitoire exemplaire. On ne peut inventer une imprescriptibilité d'un délit". Me Soulier s'est dit "terrassé d'émotions". "Je vais finir par croire aux anges..." a déclaré l'avocat.
La réaction de Me Luciani, également avocat du Cardinal Barbarin. "La Cour vient de relaxer le Cardinal sur le plan du fond du dossier en indiquant qu'il n'y a pas d'infraction." L'une des raisons selon Me Luciani: "le Cardinal n'a jamais eu l'intention d'entraver l'action de la justice". L'avocat évoque à ce propos une pièce du dossier : "nous avons produit un mail de M.Hezez qui vient dire en novembre 2015, alors qu'il a déposé plainte en juillet 2015, au Cardinal -Vous savez que j'ai déposé plainte, je sais que vous étiez supporter de ma démarche judiciaire, je vous en remercie. - Ce mail est central car il démontre que le Cardinal n'a jamais eu la volonté de faire en sorte qu'il n'y ait pas de plainte. C'est lui qui a indiqué à la victime qu'il lui fallait trouver des victimes non prescrites". Pour Me Luciani, ces victimes non prescrites "font qu'il y a eu le procès Preynat" en janvier.
Relaxe du cardinal #Barbarin pour non dénonciation des abus sexuels de #preynat : selon Me JF Luciani, la cour d’appel a notamment considéré qu’il n’y avait pas eu d’entrave à la justice pic.twitter.com/WyCoWOpmeH
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) January 30, 2020
La réaction des parties civiles à l'annonce de la relaxe
Pour Didier Burdet, cette décision de relaxe "ne changera pas sa vie". Il veut retenir les éléments positifs de cette affaire et le combat contre la pédophilie : "Il y a beaucoup de chose qui ont changé grâce à tout ça, beaucoup de chose vont encore changer". Y aura-t-il une suite en justice ? "On va continuer le combat. En cassation ou pas, pour l'instant, on n'a pas pris de décision. On a encore un peu de temps pour se décider, " indique-t-il.François Devaux parle de déception et d'étonnement : "en clair le message c'est de dire, continuez à agir comme ça; c'est comme ça qu'on est conforme à la loi". Mais pour le co-fondateur de la Parole Libérée, cette démarche en justice n'a pas été vaine : " tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant n'est pas vain. Justement, c'est l'opportunité pour chacun et pour les institutions de se remettre en question et de s'interroger sur ce qu'est notre société, ce qu'on veut inculquer comme valeur à nos enfants et sur la confiance que l'on souhaite accorder aux institutions"
#Lyon #justice Relaxe du cardinal #Barbarin : les parties civiles parlent de déception mais d’un combat qui n’est pas vain . F. Devaux, pdt de @LaParoleLiberee : pic.twitter.com/Z867TTIPB0
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) January 30, 2020