Ce vendredi 29 novembre, la Cour d'appel de Lyon a mis en délibéré au 30 janvier 2020 sa décision concernant le deuxième procès du cardinal Barbarin. Ce dernier conteste sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat, accusé de pédophilie. 


"Je suis soulagé, je m'en remets à la décision de la justice (...) et je veux dire aux victimes que je (ne) pense qu'à elles", a brièvement commenté le Cardinal Barbarin vendredi, à la mi-journée, à sa sortie de l'audience.

Comme en première instance, l'accusation n'a pas requis de condamnation pour le prélat. L'avocat général Joël Sollier a estimé ce vendredi 29 novembre dans une argumentation très étayée que le cardinal Barbarin, 69 ans, ne pouvait être reconnu coupable du délit de non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs.

Le Cardinal Barbarin sera-t-il condamné pour avoir passé sous silence les agissements du père Preynat, accusés d'actes pédophiles ? Ses deux avocats, Me Luciani et Me Soulier, ont plaidé la relaxe. Les parties civiles ont demandé la confirmation de la condamnation de Philippe Barbarin prononcée le 7 mars dernier par le tribunal correctionnel de Lyon, à savoir 6 mois avec sursis. Dans ce procès, le jugement a été mis en délibéré : l'arrêt de la cour d'appel de Lyon sera rendu le 30 janvier 2020.

Les victimes du Père Preynat face au Cardinal Barbarin. Durant ce procès, les deux camps sont apparus irréconciliables...

 

Incompréhension du Cardinal Barbarin ...


Dans ce procès en appel, le Cardinal Barbarin conteste sa condamnation en première instance à une peine de six mois de prison avec sursis. "Quelle est la raison de votre appel ?", lui avait demandé le président de la cour, Eric Seguy au début de son interrogatoire sur les faits: " C’est un droit que la justice française me donne, je le saisis," avait répondu le prélat, debout à la barre. Le Cardinal Barbarin avait également précisé qu'il ne comprenait pas quels faits lui étaient reprochés. 

"Son état d'esprit consiste à dire qu'il n'a pas toujours pris les bonnes décisions, mais qu'il n'a pas de culpabilité pénale, qu'il n'a jamais voulu faire obstacle à la saisine de la justice et que plus que tout, il n'a jamais souhaité couvrir des actes de pédophilie, que ce soit ceux d'un prêtre ou de quiconque," a expliqué Me Luciani, avocat du Cardinal Barbarin, en marge de la première journée d'audience. "Je crois qu'aujourd'hui on espère que justice lui sera rendue et qu'on arrête de le caricaturer," a-t-il ajouté.

Durant ce procès, Philippe Barbarin n'a cessé de répéter qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait...  
 

Parties civiles, elles dénoncent le déni de Philippe Barbarin


Du côté des parties civiles, on regrette la position défensive de Philippe Barbarin qui n'assume toujours pas son mutisme et l'omerta de l'Eglise. Certains ne décolèrent pas accusant même le Cardinal d'être toujours dans le déni.  

"Si j'ai commis une erreur, si je me suis trompé, la justice me le dira," ironise Laurent Duverger en reprenant les mots de Philippe Barbarin entendu à l'audience. "Et bien, il me semble qu'elle l'a fait mais il ne comprend pas et nous, on replonge là-dedans avec nos familles (...)  Il est Cardinal, il pourrait être Pape, c'est un prince de l'Eglise ... et bien je suis désolé, les responsabilités même si elles sont difficiles à prendre, elles vont avec ce titre !" assène Laurent Duverger. 

Pour Alexandre Hezez, ancien scout du groupe Saint-Luc et premier à avoir alerter l'Archevêque de Lyon sur les agissements du Père Preynat en 2014, "non seulement, il ne change pas d'un iota mais je trouve que contrairement à la première fois, il ne se sent plus du tout responsable."  Alexandre Hezez poursuit: "il a même accusé à peu près tous les parents et les paroissiens maintenant du mal qui a été fait et du silence coupable durant toutes ces années... ça été peut-être un peu plus dur qu'au premier procès."

C'est l'amertume qui domine chez les parties civiles, à l'issue de la première journée d'audience. Selon elles, le Cardinal n'a eu "aucune prise de conscience de sa part de sa responsabilité. Finalement c'est l'inverse, il a une prise de conscience de son irresponsabilité et c'est pire pour moi," déclare en fin de journée Alexandre Hezez. 

C'est François Devaux, co-fondateur de la Parole Libérée qui a eu les mots les plus durs envers le Cardinal Barbarin : "La fonction d'Archevêque impose une certaine hauteur de vue. Il n'est pas du tout à la hauteur de sa responsabilité morale et de ce qu'il représente dans la société!"




Retour sur les deux journées d'audience devant la Cour d'appel de Lyon

  Bernard Preynat, destitué par l’Eglise en juillet 2019 et doit être jugé en janvier 2020.
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