Symboles des défaillances de l'Eglise face à la pédophilie, les silences du Cardinal Barbarin examinés en appel à Lyon

Jeudi 28 novembre, le Cardinal Philippe Barbarin comparaît devant la Cour d'appel de Lyon. Parmi les questions qui se posent à la veille de ce nouveau procès : alerté de faits de pédophilie, le prélat a-t-il voulu protéger l'Eglise du scandale au détriment des victimes? 

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En 2015, l'affaire Bernard Preynat éclate. Ce prêtre du diocèse de Lyon est suspecté d'avoir abusé de nombreux jeunes scouts entre 1976 et 1991. Ce scandale éclabousse l'Eglise et devient "l'affaire Barbarin" quand des témoins affirment que le cardinal était au courant mais n'a rien dit à la justice. L'onde de choc de cette affaire s'est propagée jusqu'à Rome. Le Cardinal Barbarin est ainsi devenu le symbole de la crise de l'Église face à la pédophilie et ses défaillances face aux prêtres pédophiles.

Le Cardinal Barbarin avait été alerté à deux reprises: en 2010, lorsque le Père Preynat lui a avoué ses agressions. Puis à nouveau en 2014, quand un ancien scout - Alexandre Hezez - s'est confié à l'archevêque. Ce dernier n'a toujours rien dénoncé. Il n'a pas signalé à la justice les agissements pédophiles du prêtre à la justice. En le condamnant, le tribunal a estimé que le Cardinal Barbarin avait agi "pour préserver l'institution à laquelle il appartient". Philippe Barbarin a été condamné pour "non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs".

Pour la défense du Cardinal Barbarin, le jugement de première instance est "infondé". Elle a rappelé qu' Alexandre Hezez pouvait porter plainte (ce qu'il a fait en 2015) et déclencher l'ouverture de l'enquête. Elle a également rappelé que lors de l'entretien de 2014 entre Alexandre Hezez et le Cardinal, Philippe Barbarin l'avait encouragé à trouver d'autres victimes, signe qu'il n'a jamais rien voulu "cacher". 


Silence coupable ? un nouveau procès sur l'omerta de l'Eglise


Jeudi 28 novembre, tout près de la Primatiale Saint-Jean, le Primat des Gaules va donc contester cette condamnation à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les abus passés du prêtre Bernard Preynat. Défroqué en juillet, ce dernier sera jugé en janvier

Lors de ce procès en appel qui doit se tenir aux 24 colonnes, le Cardinal Philippe Barbarin, 69 ans, comparaîtra seul face aux juges. Les cinq autres prévenus, deux laïcs et quatre religieux, qui étaient jugés avec le prélat en janvier dernier devant le tribunal correctionnel de Lyon, ont été relaxés.

En première instance, les débats, portés par les témoignages des victimes de Preynat, ont été exemplaires de l'avis même du diocèse. En marge de l'audience, via l'évêque auxiliaire Emmanuel Gobilliard, le diocèse a remercié les plaignants et leur association La Parole Libérée d'avoir "secoué l'Église" sur ses "dysfonctionnements".
 
Le jugement de première instance avait été un véritable coup de tonnerre pour les anciens scouts, victimes du Père Preynat et parties civiles. Avec ce nouveau procès en appel, les parties civiles attendent la confirmation de la condamnation du Cardinal Barbarin. De son côté, le Cardinal Philippe Barbarin avait justifié son appel comme un "droit", quitte à écorner son image de prélat dynamique, à l'origine de son surnom de "Monseigneur 100.000 volts". 

"J'ai reconnu les erreurs que j'ai faites mais c'est pas celles que je (me) vois reprocher" par le tribunal, avait justifié Philippe Barbarin, le 19 mars sur la chaîne KTO, quelques jours après l'annonce de sa condamnation en première instance.

Pour Pierre-Emmanuel Germain-Thil, partie civile, "rejeter cette condamnation c'est dénigrer ce qui a été démontré et factuellement prouvé". Pour lui, si le silence avait été brisé plus tôt, d'autres victimes du prêtre, dont les faits sont prescrits, auraient pu bénéficier d'un procès et se reconstruire.  

A la veille du procès en appel plusieurs questions se posent: le tribunal correctionnel a-t-il jugé l'institution et non l'homme? Pourquoi le Prélat a-t-il laissé en place le père Preynat alors qu'il avait été alerté de faits de pédophilie par une victime? Philippe Barbarin a-t-il voulu protéger l'Eglise du scandale au détriment des victimes des agissements du père Preynat? 

 
 
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