Dans un document officiel communiqué, aujourd'hui, en interne, la CGT innocente totalement son ancien Secrétaire général, le caennais Thierry Lepaon sur l'affaire de l'appartement. Et le syndicat semble faire son mea culpa sur des dysfonctionnements internes.
C'est un document de 2 pages dont la lecture a été faite, aujourd'hui, devant les 56 délégués départementaux et régionaux qui composent la CEC ( la commission exécutive fédéral). Un document qui conclue 6 mois d'enquête en interne : des auditions ont été menées, les devis et factures de l'appartement réexaminés.
Thierry Lepaon "a découvert les travaux une fois ceux-ci achevés"
Ces premières conclusions concernent exclusivement les travaux dans l'appartement.
Pour mémoire, en octobre dernier, le Canard enchaîné révélait une facture de 130 000 euros pour la rénovation de cet appartement de fonction de 120 m2 à Vincennes. Mais quelques jours plus tard, Thierry Lepaon plaidait non coupable et rectifiait les chiffres : 105 000 euros et non pas 130, 79 m2 et non pas 120.
Aujourd'hui cette enquête va beaucoup plus loin et blanchit Thierry Lepaon en ces termes :
"La commande des travaux de l’appartement et leur descriptif (ainsi d’ailleurs que ceux du bureau) ont été réalisés en dehors de la responsabilité du Secrétaire général, de son implication personnelle et de celle de ses proches. Il n’a notamment pas eu connaissance des devis. Il a découvert les travaux une fois ceux-ci achevés."
" les équipements sont très standards et n’ont aucun caractère luxueux"
Alors qu'on a tout entendu sur les présumés goût de luxe de l'ancien salarié Moulinex, la commission Financière de Contrôle de la CGT ( la CFC) est retourné sur les lieux pour voir de plus près. "Les prestations effectivement réalisées dans l’appartement ainsi que les équipements sont très standards et n’ont aucun caractère luxueux", affirme t-elle dans ses conclusions.
En revanche, "les montants payés par la confédération pour les travaux et les équipements de l’appartement facturés par l’entreprise sont en décalage par rapport à la réalité des prestations effectuées."
Si la CGT a payé un coût démesuré pour des travaux ordinaires,
reste à savoir pourquoi et comment ?
Et sur ce point les investigations se poursuivent. "Malgré les relances auprès de l’entreprise, celle-ci ne nous a toujours pas transmis de facture détaillée des travaux. Un courrier recommandé va lui être adressé."
La confédération envisage le recours juridique pour recouvrir le trop payé.
Comment cette surfacturation a pu passer inaperçue ? Sur ce point l'administratrice et la CFC cherchent encore la réponse et fait en même temps son mea culpa sur le manque de filtres en interne.
"Ces dysfonctionnements ont été rendus possibles par une insuffisance des procédures financières existantes, un manque de contrôle et de rigueur. L’administrateur a reconnu sa propre responsabilité."
Le texte va même plus loin et parle de "néglicence individuelle et collective". Regrettant que toute cette affaire ait "introduit le doute parmi les syndiqués de la CGT sur la probité de ses dirigeants et sur la bonne gestion de leurs cotisations. Elle a été préjudiciable en premier lieu pour la personne du Secrétaire général et pour toute la CGT. Son image auprès des salariés a été salie."
Où est passé le "trop plein" d'argent encaissé par l'entreprise ? A t-il pu servir à autre chose ? La CGT continue a se poser les nécessaires. Manquent les réponses.
Et demain ?
la CGT reconnait qu'elle va devoir changer les règles. A l'avenir des précautions seront prises. Tout un chacun sait qu'on ne doit pas lancer des travaux avant de comparer plusieurs devis. La CGT ne s'appliquait pas cette règle. Désormais elle le fera à partir de 5000 euros de travaux. Un directeur Administratif et finacier a d'ailleurs été recruté pour aider le syndicat à gérer ces dossiers.
Reste les questions sur le bureau et les indemnités
L'enquête se poursuit donc. A propos des indemnités touchées par Thierry Lepaon lors de son départ de la fédération Basse-Normandie, là aussi le syndicat semble reconnaître un dysfonctionnement interne : "S’agissant de la légitimité de l’attribution d’une prime par une organisation de la CGT à l’un de ses militants, elle relève d’un manque de règles de vie communes internes à la CGT."
Dans les heures qui viennent le nouveau Secrétaire général, Philippe Martinez, devrait s'exprimer sur ces conclusions. On attend aussi la réaction de Thierry Lepaon.
