Le centre hospitalier du Cotentin est en pleine restructuration. Le service des urgences de Valognes a été fermé cet été. C'est désormais le site de Cherbourg seul qui assure cette activité. Et la situation est explosive.
"Honnêtement, on ne voit pas le bout du tunnel, on ne sait pas comment on va s'en sortir car on est pas dans la période des épidémies, le pire est à venir", estime Eric Labourdette, syndicat autonome FAFPH du centre hospitalier du Cotentin. A Cherbourg, le service des urgences est littéralement saturé. Ce mercredi matin, le personnel qui prenait son service avait déjà 9 patients à traiter. Neuf personnes qui avaient passé toute la nuit à attendre. en 24 heures, ce sont près de 150 patients qui auraient été pris en charge.Dans cette situation, tout le monde souffre: les patients qui doivent patienter des heures, le personnel qui n'en peut plus. "J'ai des collègues qui ont fait des malaises, qui pleurent", témoigne une infirmière. "On se lève le matin en appréhendant la journée et en se demandant comment ça va se passer", ajoute une de ses collègues.
Le centre hospitalier du Cotentin accuse en 2015 un déficit cumulé de 35 millions d'euros. L'établissement est en pleine restructuration. La suppression de 187 postes est préconisée par l'IGAS, des suppressions de RTT, des fermetures de lits ont déjà été actées. Et cet été, le service des urgences de Valognes a été fermé. Conséquence : c'est Cherbourg seul qui assure désormais cette charge de travail autrefois répartie sur deux site. Le personnel de l'hôpital cherbourgeois a ainsi vu son activité augmenter de 20%.
La direction de l'hôpital n'a pas souhaité permettre à notre équipe de tourner son reportage dans le service des urgences. Elle est toutefois sortie de son silence et promet des renforts: un médecin et un interne supplémentaire. Elle compte également sur l'ouverture prochaine à Valognes d'un centre de soins non programmés. Cette mesure avait été déjà annoncée en octobre dernier suite à une réunion au ministère de la santé en présence de Marisol Touraine. Ce service devrait fonctionner, dans un premier temps, de 8 h à 20 h.
Reportage de Sylvain Rouil et Jean-Michel Guillaud
Intervenants:
- Nadia Legoux, infirmière aux urgences de Cherbourg
- Lucie Merlier et Fabienne Baudin, infirmières aux urgences de Cherbourg
- Eric Labourdette, syndicat autonome FAFPH du centre hospitalier du Cotentin