Le juge d'instruction qui a mis en examen Esteban Morillo, le Skinhead soupçonné de la mort de Clément Méric, a estimé qu'il n'avait pas eu l'intention de tuer mercredi lors de la rixe mortelle, contrairement à l'avis du Parquet.
violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donnerL'homicide volontaire n'a pas été retenu par le juge d'instruction. Contrairement à l'avis du parquet, l'auteur présumé des coups mortels, Esteban Morillo, a été mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, alors que l'information judiciaire le visant avait été ouverte pour "homicide volontaire".
Le skinhead de 20 ans soupçonné de la mort du jeune militant d'extrême gauche Clément Méric a été mis en examen et placé en détention provisoire samedi. Trois autres skinheads ayant pris part à la rixe ont été mis en examen pour violences volontaires en réunion et une femme de 32 ans l'a été pour complicité de violences en réunion, conformément aux réquisitions du parquet de Paris. Deux des hommes, Alexandre E. âgé de 23 ans, et Stéphane C. âgé de 25 ans, ont été placés sous contrôle judiciaire tout comme la femme, Katia V. Le dernier suspect a été également placé en détention provisoire.
Tous les suspects sont sympathisants du mouvement d'extrême droite radicale Troisième Voie.
Des coups mortels
Les "premières conclusions" de l'autopsie ont démontré, selon le procureur de la République de Paris, François Molins, qu'il y a eu une "multiplicité" de coups et que "le décès n'est pas dû à un hématome causé par la chute par terre, mais aux traumatismes crâno-faciaux occasionnés par les coups de poing portés à la victime". "La force et la violence des coups de poing portés au visage de Clément Méric (...), les suspicions d'usage d'un poing américain, et enfin la cause de la mort due à plusieurs coups portés et non pas à la chute consécutive", ont convaincu le parquet d'ouvrir une information pour "homicide volontaire", a expliqué le procureur. Ni l'enquête ni l'autopsie n'ont confirmé, comme l'assure un témoin ami de Clément Méric, l'utilisation d'un poing américain par Esteban, qui soutient "avoir frappé à mains nues" et donné "deux coups", a précisé François Molins. Deux poings américains ont toutefois été retrouvés chez lui lors d'une perquisition.
La police judiciaire a écarté la thèse du guet-apens, la présence des deux groupes impliqués à une "vente privée de vêtements de marque anglaise" dans le quartier Saint-Lazare, mercredi à Paris, semblant "totalement fortuite". Selon le procureur, "il apparaît d'abord qu'un ami du groupe de Clément Méric (...) a chambré verbalement un membre du groupe Troisième voie qui se trouvait à l'intérieur de la salle de vente. D'après son audition il aurait indiqué "les nazis viennent faire leurs courses".
Les suspects "prétendent avoir répliqué" aux coups qu'ils disent avoir reçus dans un premier temps, a expliqué le procureur. Il a décrit une "rixe", une "scène de violence avec échange de coups" en s'appuyant sur l'audition de "témoins objectifs" - deux vigiles de la salle de vente - et des personnes impliquées.