Francis Joyon est arrivé à 11h20 au port de Brest. Hier après-midi, il a pulvérisé le record de l'Atlantique nord en solo. Sa femme et ses quatre enfants l'avaient rejoint à bord lors de la traversée de la rade. 200 personnes attendaient le héros du jour.
Francis Joyon, 57 ans, a franchi à 14H11 la ligne d'arrivée virtuelle au Cap Lizard (sud-ouest de l'Angleterre), 5 jours, 2 heures et 56 minutes après être parti de New York, mercredi. Il s'est amarré au port du Château de Brest vers 11H15, salué par quelque 200 admirateurs."C'est une grande satisfaction et une émotion d'avoir réussi ce record. C'est merveilleux", a confié le taciturne skipper à son arrivée. Initialement attendu dimanche soir à Brest, Joyon, 57 ans, avait décidé de reporter son retour à terre d'une douzaine d'heures, en raison de conditions météo défavorables et d'un total épuisement après sa course folle. Il a achevé dimanche la traversée de l'Atlantique nord en 5 jours, 2 heures et 56 minutes, améliorant de plus de 16 heures la marque établie en 2008 par son compatriote Thomas Coville.
Ecoutez la réaction de Francis Joyon juste après son arrivée à Brest
Etat de fatigue extrême
Dans un état de fatigue extrême, le navigateur qui n'a dormi qu'une dizaine d'heures pendant la course, n'atteindra finalement le port de Brest qu'en fin de matinée. Trop fatigué, il a renoncé à rallier Brest hier soir. Le nouveau détenteur du record de la traversée de l'Atlantique en solitaire n'est plus seul à bord de son trimaran. Deux équipiers l'accompagnent depuis son départ ce lundi matin de l'Aber-Wrac'h où il a fait escale dimanche soir. Deux précautions valent mieux qu'une, après son record de 2005, il s'était endormi dans la baie d'Audierne et avait terminé dans les cailloux, à la pointe de Penmarc'h.
Etat de stress permanent
Le marin a avoué lors d'une liaison téléphonique que le plus difficile à gérer durant sa traversée avait été le "stress" lié à la peur de chavirer, alors qu'il a fait le choix d'un itinéraire plus long qui l'a obligé à rechercher constamment une vitesse extrême et à se trouver "à la limite du chavirage tout le temps". "On est super inquiets. Il faut réguler tout le temps les voiles pour soulager quand le bateau plante dans les vagues", a-t-il expliqué. "Les trois premiers jours c'était très fort, au quatrième j'étais blindé : je m'étais habitué à un niveau de stress inconnu pour moi jusqu'alors", a ajouté le skipper, qui en 2011 avait chaviré au large deNew York avec le même bateau, lors d'une précédente tentative.
Le reportage de France 3 Iroise