La société d'abattage et de découpe de porcs Gad SAS (1.700 salariés) envisage de supprimer plus de 900 emplois en ne gardant qu'un abattoir sur deux. Est-ce que la crise porcine va s'arrêter là? La filière porcine bretonne est-elle menacée?
"On s'y attendait, ce n'est pas une surprise", a expliqué Olivier Le Bras, délégué central FO, à l'issue du comité central d'entreprise extraordinaire qui se tenait à Rennes vendredi après-midi. La direction a confirmé la fin, le 21 août, de l'activité abattage/découpe de l'un des deux abattoirs du groupe, à Lampaul-Guimiliau (Finistère), soit près de 800 emplois. Les activités d'abattage/découpe du groupe seraient ainsi recentrées sur le second abattoir à Josselin (Morbihan, plus de 600 salariés) où 343 emplois pourraient être créés. 400 salariés pourraient être reclassés au sein de la Cecab (groupe coopératif agroalimentaire, actionnaire majoritaire à 65% de Gad SAS, les 35% restants sont détenus par le groupement de producteurs de porcs Prestor). Le plan projette aussi de fermer le site de fabrication de produits élaborés de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) où travaillent entre 64 (selon une source proche de la direction) et 80 salariés (syndicats), et le siège du groupe à Saint-Martin-des-Champs (Finistère) avec 54 salariés. Direction et représentants du personnel doivent se rencontrer à nouveau en CCE le 11 juillet pour discuter du projet de plan de continuation.
Est-ce que d'autres abattoirs pourraient être touchés en Bretagne?
La filière porcine bretonne vit de plus en plus sous la menace de ses voisins d' Europe, notamment des Allemands et Danois, qui embauchent une main d'oeuvre à bas coût. Exemple à la Cooperl Arc Atlantique en Bretagne, le plus grand abattoir de France. 10.000 cochons par jour. Le numéro un de la filière française - 500.000 tonnes de viande par an et 5.000 salariés - est en déficit. La faute à l'Allemagne qui pratique des prix 20% moins chers, selon le patron Emmanuel Commault.Pour mieux comprendre la compétitivité de nos voisins européens, J. Bazin et M. Degorce journalistes à France 3 se sont rendus en Allemagne à l'usine Tönnies Fleisch de Rheda Wiedenbruck, siège du plus grand abattoir du pays et leader de l'industrie porcine européenne. 4.000 salariés qui viennent presque tous des pays de l'est, y travaillent dans des conditions très dures et sont payés 5 euros de l'heure. Trois fois moins qu'en France.
L'exemple des abattoirs danois
Au Danemark, c'est plus de dix millions de porcs danois qui affluent vers les abattoirs allemands. Claus Jorgensen - éleveur - envoie tous ses porcelets en Allemagne. Pourquoi, parce qu'il touche deux à trois euros de plus par porc en Allemagne. Résultat: les abattoirs danois ont beaucoup souffert ces dernières années, beaucoup ont mis la clé sous la porte... comme celui de GAD SAS à Lampaul Guimiliau en Bretagne.Les abattoirs français ont porté plainte contre l'Allemagne pour dumping social.