Les artisans et commerçants se disent menacés de disparaître sous le poids grandissant des prélèvements sociaux et fiscaux. Ils lancent ce mercredi une campagne pour appeler les Français à défendre leurs entreprises de proximité.
"C'est la proximité qui va mourir, c'est l'animation des quartiers, des centre-villes, des villages qui disparaît", selon Jean-Pierre Crouzet, président de l'UPA. "Toutes les heures, c'est six entreprises qui disparaissent", a-t-il lancé en faisant référence aux derniers chiffres de la Banque de France sur les défaillances d'entreprises évaluant à près de 54.000 leur nombre parmi les micro-entreprises (moins de 10 salariés) sur une année jusqu'à fin août 2013.Des affichettes noires barrées des mots "sacrifiés mais pas résignés" et portant l'adresse d'un site internet où signer une pétition de soutien devraient apparaître sur les vitrines de certains commerçants, dans les boutiques, à l'accueil des entreprises d'artisans ou sur leurs camionnettes.
Un film sur internet
Un film déjà diffusé sur internet doit, avec les réseaux sociaux, relayer l'opération. Sur fond de musique angoissante, la brève séquence défile dans les rues d'une petite ville au ciel gris où des affiches noires annonçant "sacrifié"barrent des vitrines coquettes. "Ils ont été choisis car ils ne sont ni agressifs ni dangereux", interrompt un écran noir.
Puis un fonctionnaire muni d'un petit cartable vient annoncer à un commerçant "au nom de la République, votre entreprise a été choisie pour être sacrifiée", avant de donner l'ordre à un autre de coller l'affiche noire sous le regard paniqué des clients.
Contre toute récupération politique
"Cette mobilisation vise à montrer l'exaspération des chefs d'entreprise de l'artisanat et du commerce face à l'accumulation des prélèvements sociaux et fiscaux supplémentaires",
a précisé l'organisation professionnelle. "Nous sommes des gens responsables, nous ne sommes pas des extrémistes", insiste son président qui exclut une manifestation de rue et affirme son "opposition totale à toute récupération politique ou tout engagement politique". "La question est plutôt de savoir quel projet de société nous avons et si c'est une nouvelle société qui s'annonce, une société standardisée, sans lien social", ajoute-t-il.
Il estime à 1,1 milliard d'euros les prélèvements supplémentaires sur les entreprises de l'artisanat, du commerce de proximité et les travailleurs indépendants au titre de l'année 2013 auxquels s'ajouteront 100 millions en 2014. "Il est malheureusement évident que certaines entreprises ne vont pas se remettre de ce coup de massue", a-t-il affirmé.
"Double peine" pour les travailleurs indépendants
Parmi les huit demandes de l'UPA, figurent le "retrait de toutes les charges sociales supplémentaires" qui pèsent sur les 2,3 millions de travailleurs indépendants "depuis le 1er janvier 2013". Ceux-ci "subissent une double peine, l'augmentation des prélèvements sur les personnes physiques (impôt sur le revenu et cotisations sociales) et l'augmentation de la fiscalité des entreprises (TVA, contribution foncière des entreprises, écotaxe...)", explique l'UPA, qui représente 1,3 million de d'entreprises françaises.
Elle exige aussi, entre autres, la "révision du mode de calcul de l'impôt sur le revenu des travailleurs indépendants de sorte que les bénéfices réinvestis dans l'entreprise ne soient plus soumis" à cet impôt.
Pour des allègements fiscaux
L'UPA, qui est avec le Medef et la CGPME une des trois grandes organisations patronales de France, demande par ailleurs le "remplacement du crédit d'impôt compétitivité
emploi (CICE) par une baisse directe du coût du travail". Soulignant que les entreprises de proximité forment 70% des apprentis du pays, elle demande aussi le "rétablissement pour toutes les entreprises de moins de 50 salariés qui forment un apprenti, de l'indemnité compensatrice et du crédit d'impôt apprentissage, au-delà de la première année". "J'espère que le gouvernement nous fera des propositions pour 2014", dit Jean-Pierre Crouzet qui dit attendre un "signe fort" sur "le projet politique de société qui est conduit par le gouvernement eu égard à ce que nous représentons en matière d'innovation". "Combien de grosses entreprises sont nées de l'artisanat !", argue-t-il.