Plus de 40 000 bonnets rouges se sont rassemblés à Carhaix ce samedi, selon les organisateurs du collectif "Vivre décider et travailler au pays", 17 000 selon la préfecture du Finistère. Ces chiffres, malgré leur différence démontrent que cette mobilisation est plus importante que celle de Quimper.
Les Bonnets rouges ont rassemblé entre 17.000 et 40.000 personnes samedi à Carhaix, transformant l'essai de leur première manifestation de Quimper contre l'écotaxe et pour l'emploi en Bretagne.
"On est plus de 40.000", a assuré le porte-parole des Bonnets rouges, Christian Troadec, qui a évoqué une "très très grande réussite" un mois après la manifestation de Quimper du 2 novembre qui avait rassemblé selon ses organisateurs 30.000 personnes, 15 000 selon la préfecture. Ce samedi, la préfecture du Finistère a fait état de 17.000 personnes au "rassemblement festif" sur le site où est organisé l'été le festival des Vieilles charrues. Le défilé qui a suivi dans l'après-midi dans les rues de Carhaix a, quant lui rassemblé 14.000 personnes, selon la préfecture. Reportage d'I Rettig et JM Piron
"Je n'ai jamais vu autant de drapeaux bretons"
"C'est une véritable réussite. On peut être fiers d'être Bretons !", a lancé à la foule Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère, sur la scène qui était barrée du slogan "RE'ZO RE" ("trop c'est trop" en breton). "C'est qu'un début", a lancé M. Merret devant l'assistance presqu'unanimement couverte de bonnets rouges et sur laquelle flottaient de nombreux drapeaux bretons. "Je n'ai jamais vu autant de drapeaux bretons" nous a dit Tangi Kermarrec, de France 3 Iroise.
Plus de régionalisation
Beaucoup de drapeaux bretons, certes... plusieurs banderoles anti-état français ont aussi été remarquées dans la foule. Il faut dire que le mouvement était très soutenu par les milieux bretonnants. Les milieux culturels et politiques étaient très largement représentés. Kevre Breizh, coordination des associations culturelles bretonnes qui revendique "plus de 50.000 adhérents sur les cinq départements bretons" (en incluant la Loire-Atlantique), avait appelé à manifester. L'institut culturel de Bretagne, qui se veut "université populaire de la culture bretonne" et insiste sur "la réforme territoriale et la volonté réelle d'une décentralisation", est également une des composantes du mouvement. Les partisans de la réunification de la Bretagne sont également présents avec Bretagne Réunie, qui milite pour le retour de la Loire-Atlantique au sein de la région Bretagne. Côté politique on retrouve l'Union Démocratique Bretonne (UDB, gauche autonomiste), mais aussi le Parti Breton (PB, fédéraliste européen). D'autres petites formations appelaient également, comme Breizhistance (indépendantiste), l'Alliance Fédéraliste bretonne et la plus récente, Breizh Europa.
Pari réussi.. et après?
"L'enjeu à Carhaix, c'est la mobilisation", avait estimé avant le rassemblement Romain Pasquier, professeur à Sciences Po Rennes. Il s'agissait, selon lui, de "voir si ce mouvement garde toujours le soutien populaire qu'il avait eu a Quimper". Pari réussi selon les chiffres de la mobilisation. Pour la suite, les organisateurs ne veulent pas du Pacte d'avenir. Ils estiment que "le Pacte d'avenir ce n'est que du recyclage de mesures déjà annoncées" ou "un emplâtre sur une jambe de bois" comme l'a expliqué Christian Troadec. Le Pacte d'avenir pour la Bretagne doit tenter de trouver des solutions pour sortir la région de la crise et a donné lieu à plusieurs réunions en novembre avec les acteurs économiques, politiques et sociaux de la région. Les Bonnets rouges se plaignent de ne pas avoir été consultés dans le cadre de l'élaboration de ce pacte. "Le Pacte d'avenir ne doit pas de décider à Paris, ni à Rennes" a indiqué Thierry Merret.Reportage de T Kermarrec et JH Guilcher