«J'ai frappé avec ton poing américain» : c'est l'un des messages SMS envoyé par Samuel Dufour, l'un des skinhead qui a participé à la rixe durant laquelle Clément Méric est décédé. Il nie cependant avoir frappé le militant antifasciste, alors âgé de 18 ans.
Samuel Dufour, l'un des deux skinheads écroués dans l'enquête sur la mort de Clément Méric avait affirmé dans un SMS au soir des faits qu'il avait utilisé un poing américain lors de la rixe, selon des sources proches du dossier.
Mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, Samuel Dufour a toujours nié avoir frappé le militant antifasciste Clément Méric lors de cette rixe, le 5 juin 2013, et il a toujours nié avoir utilisé un poing américain.
Or, selon les récents résultats d'une expertise sur son téléphone, Samuel Dufour a affirmé le soir-même, dans un SMS envoyé à un proche, qu'il avait utilisé une telle arme durant la bagarre mettant aux prises plusieurs militants d'extrême droite et d'extrême gauche.
«J'ai frappé avec ton poing américain», écrit-il à une connaissance, selon les SMS consultés par le quotidien Libération. «Vous étiez combien?» «Cinq contre trois. On les a défoncés», écrit Samuel Dufour. «J'ai plein de sang sur mon bombers, mais c'est le mien, demande à Serge si je dois le nettoyer?», ajoute-t-il.
Le Serge évoqué par Samuel Dufour serait Serge Ayoub, leader des groupuscules d'extrême-droite Troisième Voie et Jeunesses nationalistes révolutionnaires, aujourd'hui dissous. Ce dernier message reste sans réponse.
Un poing américain peut constituer une circonstance aggravante
"Si cet élément tend à confirmer l'utilisation d'un poing américain, ça ne remet pas en cause le fait que Samuel Dufour n'a pas eu de contact avec Clément Méric", a affirmé à l'AFP son avocat, Me Antoine Vey. "De plus, les expertises médicales ne concluent pas à l'utilisation d'un poing américain à l'encontre de Clément Méric", a-t-il insisté. Dans une récente expertise, les médecins sont restés prudents sur ce point, n'excluant pas d'hypothèse, selon des sources proches du dossier.
D'après ces mêmes sources, les déclarations de Samuel Dufour sur le fait qu'il n'a pas frappé Clément Méric ont été confortées durant l'enquête par le témoignage d'un autre militant antifasciste. Ce dernier a affirmé qu'il avait eu Samuel Dufour en face de lui durant toute la rixe et qu'il ne pouvait, de ce fait, avoir frappé la victime.
Des zones d'ombre demeurent
L'autre skinhead en détention, Esteban Morillo, a reconnu dès sa garde à vue avoir porté deux coups, à mains nues, au visage de Clément Méric. Son décès, à 18 ans, avait suscité une forte émotion.
Les enquêteurs cherchent à déterminer comment a démarré la rixe, après que les deux groupes se soient croisés lors d'une vente privée de vêtements dans le quartier de la gare Saint-Lazare, à Paris.
D'autres questions restent en suspens, notamment celle de savoir si Esteban Morillo a été le seul à frapper le jeune étudiant de Sciences-Po et s'il a utilisé un poing américain, ce qu'il nie, même si des témoins l'ont vu enfiler une telle arme. Deux autres skinheads, mis en examen pour violences, avaient été placés sous contrôle judiciaire.