Plus d'un million d'euros : voilà la somme que la société Ecomouv réclame après la destruction en novembre du portique écotaxe de Lanrodec dans les Côtes d'Armor. Une fortune pour l'agriculteur condamné a rembourser les dégâts, qui affirme qu'il n'y est pour rien. Il a fait appel de la décision.
Depuis le 3 novembre, Jo Baron a l'impression de vivre un cauchemar. Ce dimanche là, comme les jours précédents, il ensilait du maïs. Mais en ce lendemain de la grande manifestation des Bonnets Rouges à Quimper, d'autres avaient décidé de faire tomber le portique Ecotaxe de Lanrodec."J'arrive chez moi et j'y trouve trois personnes qui ont chargé les pneus dans ma remorque et s'apprêtent à partir. Je leur dis que je ne suis pas d'accord : "Vous ne partez pas avec mon tracteur !" (...) Le ton monte et je leur dis qu'au pire je les conduis. On arrive là-bas et je benne les pneus dans le champ à 10 mètres du portique".
Jo est vite retourné ensiler son maïs. Mais au bord de la nationale 12, les événements se sont emballés. Le portique a été détruit par les manifestants. Une quarantaine de personnes y a mis le feu et le portique est tombé au bout de quelques minutes.(Reportage de Severine Breton et Thierry Bouilly)
L'agriculteur a été placé en garde à vue, puis jugé par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc. En mai, après un délibéré, il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à rembourser le portique.
Je n'ai fait qu'amener des pneus sous la contrainte. Je trouve que c'est énorme, 1,3 million d'euros. C'est toute ma vie de travail et encore, il en manquerait !"
Jo Baron a fait appel de la décision de justice. Depuis, il rassemble des vidéos de la chute du portique et se bat face à un cruel dilemme : soit il se tait et il perd sa ferme, soit il parle et craint les représailles. "J'ai peur, dit-il. Mais ce n'est pas pour ça que je me laisserai faire".