Manifestations des légumiers à Morlaix : les réactions

Après le coup de force des légumiers hier soir à Morlaix, qui ont incendié le centre des impôts et la MSA, Agnès Le Brun, maire de la ville réagit et qualifie ces actions "de jacquerie, une révolte qui part de la base, complètement déstructurée", des saccages condamnés par le Premier ministre.

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Manuel Valls a condamné "énergiquement" samedi dans un communiqué les "saccages et destructions par incendie" du Centre des impôts et de la Mutualité sociale agricole de Morlaix (Finistère), commis tard vendredi soir, lors d'une manifestation de producteurs de légumes, en promettant des poursuites judiciaires.

Des poursuites judiciaires


"Manuel Valls, Premier ministre, condamne énergiquement les saccages et destructions par incendie cette nuit à Morlaix  de deux bâtiments affectés au service public, dont celui de la Mutualité sociale agricole, entièrement détruit alors qu'il n'avait que deux ans. Il est particulièrement choquant que les sapeurs-pompiers aient été empêchés d'accomplir leur mission. Des poursuites judiciaires seront engagées contre les auteurs de ces actes"









Plus d'une centaine de légumiers en colère ont incendié les deux bâtiments vendredi soir pour protester contre les contraintes fiscales et administratives qui pèsent sur eux, occasionnant d'importants dégâts. "Alors que les pouvoirs publics ont déjà pris des mesures pour soutenir les filières agricoles, rien ne justifie le recours à des méthodes violentes, qui ne résolvent rien et qui pèsent en premier lieu sur les contribuables et les assurés sociaux", souligne encore Manuel Valls dans son communiqué. "Seule la poursuite du dialogue engagé par (le ministre de l'Agriculture) Stéphane Le Foll avec les responsables agricoles nationaux et locaux permettra de répondre aux difficultés que rencontrent les producteurs", ajoute encore le Premier ministre.

Le ministre de l'Agriculture appelle à l'apaisement


Par le biais d'un communiqué, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, condamne lui aussi, avec la plus grande fermeté les exactions intervenues cette nuit à Morlaix sur le centre des impôts et la mutualité sociale agricole qui est l’outil de protection sociale de tous les agriculteurs. 

Le Ministre tient à rappeler que depuis l’annonce par les autorités russes de l’embargo sur les produits agricoles et agroalimentaire européens, les pouvoirs publics n’ont cessé d’agir pour permettre la mise en place de mesure de soutien des marchés et ainsi en limiter les conséquences pour les producteurs. La crise du chou fleur et de l'artichaut est en grande partie liée à une surproduction liée aux conditions climatiques.
Par ailleurs le dialogue avec la profession est permanent. Après avoir rencontré les représentants nationaux de la profession à plusieurs reprises pour discuter des mesures de soutien les plus adaptées deux réunions sont prévues à l’agenda du ministre la semaine prochaine. L’une mercredi avec Monsieur Jean-François Jacob, Président de la SICA de Saint-Pol-de-Léon et l’autre avec l’ensemble des représentants de la filière fruits et légumes vendredi.

Rien ne peut donc justifier ces actes de violence.  Le ministre appelle l'ensemble des acteurs à l'apaisement et a la responsabilité pour rechercher les solutions de gestion de cette crise.

 



 


 


"Les syndicats sont dépassés par la base"


La maire UMP de Morlaix (Finistère) Agnès Le Brun a qualifié samedi de "jacquerie", de "révolte qui part de la base", le mouvement de colère de légumiers qui ont incendié vendredi soir le Centre des impôts et la Mutualité sociale agricole de la ville.

C'est une jacquerie, une révolte qui part de la base, complètement déstructurée, hors des relations syndicales. Les syndicats sont dépassés par la base.



"Ce n'est pas un coup de colère, c'est une colère froide", a également estimé Agnès Le Brun. C'est "quelque chose qui mûrit depuis des semaines, depuis des mois sur une conjonction d'événements: la baisse de la consommation, la surproduction, la baisse des cours, l'embargo russe, les charges sociales de plus en plus accablantes", a expliqué l'élue, tout en déplorant la violence "toujours contre-productive". Ce mouvement de colère "je l'explique, donc tout le monde peut le faire" a poursuivi l'élue. Avec l'incendie du Centre des impôts, "c'est un bâtiment d'Etat" qui a été visé, "à l'Etat d'intervenir", a-t-elle ajouté.

L'interview d'Agnès Le Brun, maire de Morlaix


« La Bretagne mérite beaucoup mieux que ces images d'un autre temps »


Le président du Conseil régional Pierrick Massiot regrette et dénonce fermement ces actes inadmissibles, "ne pas le faire c'est cautionner !" 
"Les responsables agricoles bretons ont été écoutés, respectés, entendus, quand ils ont proposé, quand ils ont construit. Les destructions à répétition, les excitations de colères sont le plus sûr moyen de dilapider le travail réalisé depuis plus d'un an sur le Pacte d'Avenir notamment."
Nous sommes en train de construire, de reconstruire les agricultures de demain, d'assurer la nécessaire métamorphose agricole d'une Bretagne productrice. La Région, avec d'autres, s'y emploie, en devenant par exemple pour la première fois responsable de la gestion du Fonds Européen Agricole et de Développement Rural a hauteur de 240 millions d'euros. 
La profession agricole a su montrer avec fierté ses savoir-faire, ses atouts, pendant quatre jours, au SPACE, à Rennes, en accueillant plus de 100 000 visiteurs professionnels. Aujourd'hui, quelques-uns voudraient instrumentaliser des difficultés réelles de certaines filières dont  celle des légumes.
Je ne peux croire que les événements de Morlaix reflètent la réalité agricole bretonne. J'en appelle à la raison car la Bretagne mérite beaucoup mieux que ces images d'un autre temps. »

"La tension monte dans les campagnes" 


Le principal syndicat agricole, la FNSEA, a estimé pour sa part que le coup de sang des légumiers traduisait une "exaspération" face aux réglementations et a averti le gouvernement que la "tension montait dans les campagnes".
"C'est une action d'une violence certaine qui traduit malheureusement une exaspération, une détresse très forte dans le monde agricole aujourd'hui", a déclaré le président de la FNSEA, Xavier Beulin, appelant "au dialogue et à l'apaisement" et demandant au gouvernement de "mettre en oeuvre tout de suite" la levée de certaines contraintes.

"Le ras le bol des besogneux" 


"Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu'ils ont fait", s'est de son côté félicité le président de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret. "Il faut relativiser" ces incendies, "il n'y a pas eu mort d'homme, c'est une forme de témoignage pour dire: "écoutez nous"", a-t-il lancé. "C'est le ras-le-bol des besogneux qui sont seulement bons pour avoir des contrôles", a encore estimé Thierry Merret, qui est aussi un des leaders des Bonnets rouges.

"l'impression de ne plus avoir droit à un avenir"


Pour Gilles Moal, producteur d'artichauts à Saint-Pol-de-Léon, les dégradations de vendredi révèlent "l'impression de ne plus avoir droit à un avenir". "Des cris d'alarme ont été poussés maintes et maintes fois par les producteurs de légumes pour alerter les pouvoirs publics sur une situation qui devenait intenable".


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