L'essor de la vente directe n'est pas un phénomène nouveau. Mais dans le contexte actuel, la question du juste prix, pour le producteur comme pour le consommateur, est primordiale. A Melesse, des agriculteurs semblent avoir trouvé le bon compromis.
Tous vendaient déjà en vente directe sur leurs exploitations. Mais la ville de Melesse, en Ille et Vilaine, n'avait pas encore de marché hebdomadaire. Une lacune qu'ils viennent de réparer en organisant le premier marché fermier du village. La dizaine de producteurs se retrouvera tous les mercredi, de 16h à 19h, sur la ferme de Pradenn.
Chaque producteur possède déjà sa clientèle d'habitués. Se regrouper permet donc de la partager. Un avantage pour les producteurs, qui multiplient les débouchés, et pour le consommateur, qui a tout sous la main : légumes, volailles, fromages, miel et même de la bière brassée sur la commune !
Faire de la qualité au prix juste
Ils ne font que du bio ou du fermier. Une qualité inégalée en supermarché. Pour les clients présents, la fraîcheur et les saveurs priment sur la facilité que représente le shopping en supermarché. "Les produits sont meilleurs, de bonne qualité, plus goûtus", explique ainsi cette consommatrice. Et pour le prix ? Est-ce forcément plus cher ? Eh bien cela dépend. Des produits, de la saison, des conditions météorologiques. L'essentiel c'est que tous s'y retrouvent.
Xavier Dumas, le maraîcher, est moins cher que dans la grande distribution : ici, il vend sa salade 1€. En magasin, elle se vend 1.35€. S'il revendait sa production à un intermédiaire, il la vendrait pour 80 centimes pièce. S'il ne fait pas de vente directe, il gagne moins d'argent, et le consommateur paye plus cher. Limpide. Pour d'autres produits, le client paye un peu plus cher, mais sans regrets : "ce que l'on perd sur un produit, on le récupère sur un autre. Au final, c'est quand même assez compétitif avec les grandes surfaces", estime un client du marché.Un choix politique aussi
Selon Marie-Edith Macé, l'instigatrice de ce nouveau marché, la vente directe d'une petite production locale est une forme de résistance au système global qui étouffe les producteurs : "si on revient à des formes humaines, que chacun trouve un débouché dans un coin, avec ses voisins ... Ils peuvent vendre le reste à des plus grosses structures, mais il faut qu'on arrête d'inonder les marchés, qu'on arrête les productions uniques..."Xavier ne peut qu'acquiescer. Quand un producteur vend à la grande distribution, "les prix sont moins rémunérateurs, il faut donc compenser le prix par la quantité. En cas de problème sanitaire ou climatique, le fait de tout baser sur une même production est donc beaucoup plus risqué. Nous, on a une trentaine de légumes différents sur l'année. Il y a toujours des loupés sur certaines cultures mais on ne loupe jamais toutes les cultures d'un coup", ce qui lui permet de toujours retomber sur ses pieds.
Un équilibre qui semble convenir aux producteurs comme aux consommateurs et qui fait écho aux difficultés rencontrées par les légumiers finistériens.
Retrouvez le reportage de Catherine Carlier et Larbi Benchiha :
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