Ségolène Royal suspend de l'écotaxe "sine die", donnant de facto le coup de grâce à ce dispositif controversé. Le mouvement de protestation est parti de Bretagne, on s'en souvient. Après cette nouvelle annonce, les personnes qui ont lutté, se disent amères et déplorent le temps perdu.
Christian Troadec est désabusé et amer. "Que d'énergie déployée pour une question de bon sens vu l'état de l'économie (...) le gouvernement a cédé à l'utimatum des transporteurs, on a perdu beaucoup de temps". Le maire de Carhaix, porte parole des Bonnets rouges a une pensée pour ces personnes qui se sont battues contre l'écotaxe : "je pense à ces gens qui se sont mis en danger et qui se retrouvent devant les tribunaux aujourd'hui". Malgré ce 8ème report de l'écotaxe, Christian Troadec a décidé de rester prudent, car il demande la suppression de cette taxe. Il regrette aussi qu'on n'ait pas avancé sur l'écologie, "sur d'autres moyens de transport, par exemple le cabotage en Bretagne"."Quand va-t-on nous écouter?"
Christian Troadec regrette que les politiques ne connaissent pas la réalité du terrain. "On est face à des décisions technocratiques, qui ne prennent pas en compte les réalités économiques". Pour Jacques Bernard, président de Produit en Bretagne: "ce sera terminé, quand on aura enlevé tous les portiques. Ils auraient été bien inspirés de nous écouter il y a 4 ans au moment de leur installation, ça nous aurait permis d'économiser de l'argent. Comme Christian Troadec, il regrette le manque d'écoute : "on nous dit, 'on a consulté' et nous on répond 'mais qui ?' On s'aperçoit alors que ce ne sont jamais les bonnes personnes." Jacques Bernard prône désormais "la vigilance" suite à cette décision de Ségolène Royal en rappelant qu'elle est importante pour la région, pour sa place "dans une Europe forte de demain".Le député Marc Le Fur se dit "satisfait" de cette décision mais temporise "il ne faut pas qu'on nous laisse dans l'incertitude. Pour moi c'est fini, mais il faut que le gouvernement le dise très clairement, même si c'est difficile pour lui, car sinon cela ne va pas dans le bon sens. Il faut veiller aussi à ce que cela ne soit pas à un prétexte à une stratégie que l'on sent poindre : faire payer le gazole aux automobilistes."
"On a gagné"
"On peut dire qu'on a gagné, puisqu'on a enfin en face de nous deux ministres qui ont pris la mesure du sujet, (...) et que donc il fallait en sortir et trouver une solution", a réagi Aline Mesples, présidente de l'OTRE, fédération à l'origine des manifestations qui avaient mené à la suspension de l'écotaxe à l'automne 2013. "Nous avons accompli un pas décisif", s'est également réjoui Nicolas Paulissen, délégué général de la FNTR, évoquant les "négociations serrées qui ont abouti à cette décision".Dans un communiqué, Le Collectif des acteurs économiques bretons "accueille avec soulagement la décision de raison de la ministre, Ségolène Royal" et "se félicite que la voix de la raison ait été entendue."