L’image de la profession agricole est-elle toujours celle des hommes qui nourrissaient la France après-guerre? Certes non. Aujourd’hui, malmenée par les contraintes économiques et environnementales, l’image de l’agriculteur se dégrade.

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Les sondages qui accompagnent l’ouverture des Salons de l’agriculture nous disent que les Français, ont dans leur grande majorité, une bonne opinion des agriculteurs. Mais ces dernières années ont vu monter ce que certains agriculteurs de la FNSEA, syndicat majoritaire du monde agricole, appellent l’agribashing.


Le rejet de l’agriculture intensive


Ce que les citoyens montrent du doigt, ce ne sont pas tant les agriculteurs que les méthodes de l’agriculture.
Que rejettent-ils ? Le remembrement pour faciliter le passage de machines agricoles ? Le glyphosate pour désherber sans discernement et faire place à la monoculture ? Le lessivage des terres à maïs laissées nues qui entraîne nitrates et phosphates vers les rivières ? Les pollutions de nappes phréatiques ? Les marées vertes ? La mise en danger de la biodiversité au point de faire disparaître les insectes et les oiseaux ?

Tout cela en réalité est aujourd’hui parvenu aux oreilles de citoyens mieux et plus vite informés qu’autrefois.


Un besoin de transparence


Dorénavant plus attentif à son environnement, le consommateur redoute de trouver dans sa nourriture des produits nocifs pour sa santé. Ce que veulent citoyens et militants : c’est plus de transparence.

Charles Fossé, producteur de lait et secrétaire général des Jeunes Agriculteurs d’Ille-et-Vilaine, se dit ouvert au dialogue :

"Tous les agriculteurs que je connais sont prêts à accueillir des gens sur leurs exploitations : venez voir comment on travaille. On n’a rien à cacher sur notre façon de produire, notre façon de faire, vous pouvez avoir confiance dans ce que vous mangez : c’est sain. La problématique c’est qu’aujourd’hui les informations vont très vite, les médias relayent des informations qui parfois sont fausses surtout sur Internet".
 

Un enjeu politique


Avec ses arrêtés anti-pesticides, le maire de Langouët, Daniel Cueff engage un combat politique dans un souci de protéger les populations dont les habitations sont trop exposées aux pulvérisations chimiques de l’agriculture intensive.
Pour nombre de militants écologistes et de responsables politiques, il ne s’agit pas d’un dénigrement des agriculteurs mais plutôt d’une remise en question d’un modèle d’agriculture industrielle.

Dans le même sens, il y a aussi les images choc de l’association L214 pour dénoncer les maltraitances animales dans les élevages intensifs, les couvoirs ou les abattoirs.

Fallait-il pour autant aller jusqu’à monter des cellules de gendarmerie, les cellules Demeter, lancées en décembre dernier par Christophe Castaner, le Ministre de l’Intérieur, pour sécuriser les exploitations contre les intrusions "d'activistes". Certains y voient surtout le moyen de museler des "lanceurs d’alertes".


Alors fini l’agriculture qui fait rêver ?


À Brec’h, un petit village du Morbihan, près de Auray, Morgan Ody produit des légumes bio pour une quarantaine de familles regroupées en AMAP, Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne de Proximité. Elle nourrit des familles de la ville de Auray toute proche.

Lors des livraisons organisées au bourg ou des ventes sur le marché, elle entre en contact direct avec la population locale. Elle se sent parfaitement intégrée socialement. Mais la jeune agricultrice sait que ce n’est pas le cas de tous les agriculteurs conventionnels, souvent isolés sur des exploitations trop grandes. Un modèle d’agriculture devenu mortel : c’est l’une des professions les plus atteintes par le suicide.

Co porte-parole de la Confédération paysanne du Morbihan, Morgan Ody souligne cette division du monde agricole :

"Y a une critique d’un modèle agricole industriel qui pose des problèmes sanitaires, environnementaux et sociaux aussi. Parce qu’il ne faut pas oublier que ce sont les paysans qui sont les premières victimes de l’industrialisation de l’agriculture. C’est nos emplois qui disparaissent, nos revenus qui baissent. C’est quoi le but de l’agriculture industrielle ? C’est de faire baisser les prix et ça, ça veut dire qu’il faut bosser toujours plus pour avoir les mêmes revenus."

Morgan Ody dénonce un modèle économique, celui des subventions aux hectares plutôt que des subventions aux actifs, c'est-à-dire aux emplois de l’agriculture.

Pour redorer son image, le monde agricole devrait-il donc travailler son acceptabilité sociale? Répondre aux enjeux écologiques et aux défis climatiques est sans doute devenu une urgence pour renouer avec une image positive dans l’esprit des citoyens du 21ème siècle.
 

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