Au niveau planétaire, un quart des émissions de gaz à effet de serre est dû à l'agriculture. Une situation qui peut être améliorée en modifiant certaines pratiques. Exemple à Pluzunet (22).
Des vaches qui broutent de l'herbe dans les champs, cela peut paraître banal. Pourtant, à cette époque, la plupart des bovins sont en stabulation et s'alimentent d'un mélange de maïs et de soja. En nourrissant ses vaches d'herbe verte, Jean-Marc Geoffroy est dans une démarche écologique, car il réduit le recours à la mécanisation.
Un aliment économique et écologique
La France est le troisième importateur mondial de soja brésilien, 22 % des exportations de tourteaux de soja brésilien sont utilisés dans l’Hexagone. Pour réduire l'utilisation de soja, potentiellement OGM, une autre solution existe. Elle a été prônée par une étude de 2009 du ministère de l'Écologie : incorporer des légumineuses fourragères (trèfle, luzerne) dans les rations des vaches laitières. Jean-Marc a franchi le pas, et il ne le regrette pas. "Ça évite des recours à la mécanisation qui sont nettement moindres", constate-t-il.
Outre l'argument économique, l'utilisation du trèfle dans l'alimentation présente un avantage écologique. Les récoltes de soja sont une des causes de la déforestation, outre-Atlantique. "Ça permet aussi de réduire l'utilisation de tout ce qui est engrais, traitement chimique", ajoute Hélène Roisille du réseau CIVAM (Centres d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et le Milieu rural). Les engrais chimiques réchauffent hautement l'atmosphère, 310 fois plus que le CO2.
Les vaches aussi responsables
De même, les flatulences des vaches, par l'émanation de méthane, sont également responsables du réchauffement climatique. Les chercheurs de l'Inra sont arrivés à la conclusion que l'expulsion des flatuosités des bovins représentent, après un calcul d'équivalence, 5 % des émissions françaises de CO2.Ces mêmes scientifiques ont affirmé qu'il était possible de baisser ce niveau de 20 %. "En théorie, si toutes les vaches françaises mangeaient du lin et [éructaient] 10 % de méthane en moins, l’économie serait de 2,6 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an, soit ce qu’émet 1,5 million de voitures en un an", assure Pierre Weil de l'entreprise Valorex. Pour en arriver là, le rapport de l'Inra préconise l'utilisation de lin. "Le lin, avec une teneur en matière grasse un peu plus élevée permet de réduire les émissions de méthanes entériques, car la digestion est un peu différente", justifie Catherine Brocas, Institut de l'Élevage.
Ces nouvelles méthodes pourraient permettre de réduire la part française d'émission de gaz à effet de serre. La Bretagne est en première ligne, puisque 40 % des émissions de gaz à effet de serre de notre région sont dues à l'agriculture, devant les transports et les bâtiments.
Reportage : Muriel Le Morvan, Thierry Bouilly, Vincent Surrault et Thibaut Benoît
Interviews :
- Jean-Marc Geoffroy, éleveur à Pluzunet ;
- Patrick Guérin, éleveur et Président du CIVAM Bretagne ;
- Hélène Roisille, animatrice au CIVAM Bretagne (agriculture durable et solidaire) ;
- Catherine Brocas, Institut de l'Élevage.