Bretagne Vivante vient de publier l’Atlas des papillons diurnes de Bretagne. La région compte 86 espèces dont certaines sont menacées de disparition. Papillons de jour ou de nuit sont pourtant assez facilement observables.
C’est un spectacle insolite qui se déroule certains soirs à Saint-Thurial, à deux pas du barrage de la Chèze, au milieu des champs et des landes. Maël Garrin lampe frontale fixée sur la tête, installe des draps blancs dans les buissons et sur le sol puis les éclaire grâce à une lampe alimentée par un groupe électrogène. Objectif : attirer le plus grand nombre possible de papillons de nuit.
1500 espèces de papillons de nuit en Bretagne
Cela fait 10 ans, que Maël référent en entomologie pour Bretagne Vivante et spécialiste des papillons de nuit, les observe et les répertorie. Ici, il a déjà recensé plus de 300 espèces, de 3mm de long pour les plus petits, les nepticulidés, à 14 cm pour les plus gros, les Grands Paons de Nuits. Et la nuit avançant, les papillons effectivement arrivent en nombre, attirés par la lumière du phare : sphynx, noctuelles, zeuzères, bucéphales.
Maël les reconnaît tous et sait les nommer par leur nom latin. Le jeune entomologiste estime qu’en Bretagne, on peut trouver près de 1500 espèces de papillons de nuit même si jusqu’à présent aucune véritable étude n’a été effectuée. Et c’est bien là son but. Dans quatre ou cinq ans, avec l’aide d’une petite dizaine d’observateurs, Maël espère pouvoir publier le premier atlas des papillons de nuit de Bretagne.
Papillons de jours menacés
C’est déjà chose faite pour les papillons de jours puisque Bretagne Vivante vient de publier l’atlas des papillons diurnes de Bretagne. 1133 personnes ont contribué à sa réalisation, dont une cinquantaine d’observateurs assidus comme Jean David, biologiste à Bretagne Vivante pour qui les papillons de jour n’ont presque plus de secrets. Lui aime venir les observer dans la tourbière de Kerfontaine à Sérent, dans le Morbihan. Un lieu préservé ou l’on trouve encore une noria de lépidoptères, Machaon, Citron, Piérides et des dizaines de petits papillons bleus, les Azurés.
Ces derniers font partie de la famille des lycénidés et il en existe une bonne douzaine d’espèces comme l’Azuré des Ajoncs. C’est un papillon relativement rare que l’on ne voit qu’en juin ou juillet. Il ne se reproduit qu’une fois par an et vit en symbiose avec certaines espèces de fourmis qui élèvent ses chenilles.
D’autres espèces d’Azurés en revanche ont presque totalement disparu de notre région. C’est le cas de l’Azuré des Mouillères (il n’en reste plus que quelques rares spécimens du côté du cap Fréhel, dans les landes de Coëtquidan et à Locmariaquer), ou de l’Azuré du Serpolet (dont les derniers exemplaires ont été vus à Belle-Île en Mer). En cause, l’évolution des paysages et des pratiques agricoles notamment. Et ces deux espèces ne sont pas les seules menacées. Sur les 89 recensées en Bretagne par les entomologistes, trois ont disparu durant les 100 dernières années: le Grand Collier Argenté, le Moyen Nacré et le Thécla de l’Amarel.
D’autres inventaires en cours
Outre l’inventaire qu’il propose, l’Atlas de papillons diurnes de Bretagne est donc aussi l’occasion d’attirer l'attention des promeneurs mais aussi celle des pouvoirs publics sur ces espèces fragiles mais utiles pour la biodiversité. Jean David, l’un des co-auteurs du livre, prépare aussi un atlas des libellules de Bretagne.
Le reportage à Sérent (56) et Saint-Thurial (35) d'Isabelle Rettig et Bruno Van Wassenhove
Le reportage à Sérent (56) et Saint-Thurial (35) d'Isabelle Rettig et Bruno Van Wassenhove - Interviews : Jean David, co-auteur de "l'Atlas des papillons diurnes de Bretagne" - Maël Garrin, référent en entomologie à Bretagne Vivante
Si vous êtes intéressés par les papillons, notamment les paillons de nuit, sachez que Bretagne Vivante est toujours à la recherche de contributeurs bénévoles dont les données viendront enrichir les futurs inventaires.