Ce 20 novembre, c'est la Journée Internationale des Droits de l'Enfant. Rencontre avec Isabelle Legendre, présidente d’ « Espoirs Enfants », une association bretonne qui se mobilise depuis 10 ans pour aider les enfants de la planète à mieux grandir et se construire.
Selon l'Observatoire International du Travail, début 2020, 160 millions d'enfants étaient contraints de travailler dans le monde. Fin 2022, ils pourraient être 46 millions de plus, dans le pire des scénarios, si des mesures d'austérité ou d'autres facteurs entraînent l'érosion de la protection sociale.
Trois questions à Isabelle Legendre, présidente de l’association de Janzé (Ille-et-Vilaine), «Espoirs d’enfants ».
Votre association est présente dans quatre pays : Bénin, Inde, Madagascar et Colombie. Comment intervenez-vous là-bas ?
Il y a deux volets dans nos actions. L’aide aux familles et l’aide aux enfants.
Pour l’aide aux familles, nous intervenons par exemple en Colombie pour aider les producteurs de café. Dans de nombreuses familles qui travaillent dans ce secteur beaucoup d’enfants se retrouvent à vendre le café dans la rue mais n’arrivent pas à en vivre. Avec Lobodis, on les accompagne, on trouve des formations et des débouchés pour ces enfants.
Pour ce qui est de l’aide aux enfants, nous avons créé par exemple un club de football à Madagascar, où ce sport est très, très important. Le club s'appelle Espoirs FC. Depuis trois ans, 300 enfants, qui erraient jusque là dans la rue, drogués, livrés à eux-mêmes, y ont trouvé refuge. On leur donne un cadre, une éducation scolaire, une formation, on a aussi récupéré du matériel sportif – 750 kilos en tout - , notamment auprès de la ligue de Bretagne de football, qu’on a acheminé là-bas. Jérémy Morel, qui est un joueur professionnel malgache qui a évolué au FC Lorient et au stade rennais, est aujourd'hui le parrain du club. Aujourd’hui, le club a de bons résultats sportifs. Surtout les enfants ont retrouvé le chemin de l’école et passent leurs examens avec un certain succès.
Vous parliez de Lobodis, le torréfacteur breton. Vous avez toujours des partenaires, des professionnels des entreprises bretonnes qui vous accompagnent dans vos projets ?
Oui. On a la chance d’avoir en Bretagne beaucoup d’entreprises qui sont dans l’agro-alimentaire. On les contacte et on leur explique les besoins qu’on a, pour qu'ils nous apportent leurs compétences. On est sur des filières qu’on ne maîtrise pas, l’élevage, le café, le soja, on s’appuie donc sur le savoir-faire de ces entreprises.
Les autorités locales s’associent également à nos projets. Les marchands qui louent des enfants pour les aider sur les marchés acceptent aujourd’hui que ces enfants aient une heure de cours d’alphabétisation par jour. Au Bénin, notre relais sur place et les autorités ont créé une école “Espoirs d’enfants”, pour que les enfants qui sont “loués” pour travailler puissent bénéficier de l’enseignement.
Est-ce que la COVID a bloqué les projets?
Non, au contraire, ça nous a donné plus envie encore de nous investir parce qu’on se rend compte que la précarité est encore plus grande dans les pays en voie de développement. Par contre c’est vrai qu’on sent qu’il y a une plus grande réserve des donateurs. On est à l’approche des fêtes de fin d’année. Peut-être qu’un cadeau en moins pourrait être remplacé par un petit geste à l’égard de ces enfants. Ce serait bien pour eux.
Et en janvier, nous partons en Inde pour un nouveau projet d’orphelinat.