Difficile reprise des auto-écoles : coincées entre deux ministères

Prévue lundi 11 mai puis repoussée au 13 mai, la reprise d'activité des auto-écoles patine. Aucun protocole sanitaire n'est encore établi. Un flou qui pourrait être le résultat d’une “guéguerre” entre deux ministères.


Depuis le 15 mars, les auto-écoles ont baissé le rideau. Les semaines se sont écoulées et la date de réouverture a été, après de nombreux rebondissements, fixée au lundi 11 mai. Puis finalement…

Lundi, une heure après avoir ouvert, on reçoit pour consigne de fermer nos auto-écoles, déplore Pascal Julaud, président de l’Union nationale des enseignants de la conduite (Unidec).


Qu’est-ce qui se cache derrière ce couac ?


Les différents ministères ne s’accordaient pas sur la date d’ouverture”, explique Pascal Julaud, qui gère plusieurs centres d’auto-écoles en Ille-et-Vilaine. Le ministre de l’Intérieur souhaitait une ouverture le 13 mai tandis que celui de la Santé conseillait une ouverture fin juin, voire début septembre. 

Au sein du gouvernement, on échange, on dialogue… Et les auto-écoles attendent.. toute la journée. 

Vous imaginez bien qu’ouvrir le 13 mai ou en septembre, ce n’est pas pareil. Ce fut une journée pleine de tensions et de stress. L’incompréhension totale : une journée à marquer dans les agendas, ironise Pascal Julaud.

Après un faux départ lundi, les auto-écoles ont finalement obtenu le feu vert pour la reprise des formations de conduite mercredi 13 mai. C’est le Premier ministre qui a tranché. 

  


Ouvrir sans protocole sanitaire


La majorité des auto-écoles a donc ouvert, mais sans protocole sanitaire défini. 

Nous sommes soumis au même protocole concernant la partie administrative, commerciale et les cours théoriques en salle. Mais pour la formation pratique, nous n’avons pas de protocole sanitaire. On l’attend depuis des semaines, explique le président de l’Unidec.

Ça revient donc au bon sens de chacun. La responsabilité des patrons est engagée. Ce sont eux qui décident de prendre le risque ou non de faire cours”, ajoute Clémence Haicault, secrétaire et monitrice dans une auto-école à Guingamp. 

72% des auto-écoles en France sont des petites entreprises de un ou deux salariés, selon le président du syndicat. Celles-ci peuvent se permettre d’ouvrir en engageant leur propre responsabilité. Mais quid des auto-écoles aux nombreux salariés ? 

Avec 35 salariés, je ne peux pas prendre de risque. C’est beaucoup plus de précautions, pas les mêmes contraintes”, regrette Pascal Julaud. Le gérant préfère retarder la date de reprise des cours de conduite et “attendre d’y voir plus clair”.
 
 

Sans inspecteur, pas d’examens 


Du côté des inspecteurs, l’impatience monte également. Les 64 inspecteurs bretons sont dans l’attente. A l’inverse des auto-écoles, eux dépendent du ministère de l’Intérieur. Et sans protocole, ils ne peuvent plus exercer leur fonction. Nous, on a envie de reprendre mais notre direction n’a pas mis en place de protocole. Le ministère de l’Intérieur veut que nous reprenions maintenant mais celui de la Santé met des barrières, c’est une guéguerre de là-haut”, regrette Annaïg Serpin, déléguée régionale du Syndicat national Force Ouvrière des inspecteurs (Snica-FO).

A en croire ces différents témoignages, les divergences entre ministères mettent en péril les activités des auto-écoles. En attendant, les gérants qui reprennent les cours de conduite tentent d’appliquer les précautions. La tâche s’avère compliquée.

A peine 50 centimètres séparent l’élève et le moniteur pendant la conduite. Comment les protéger ? Les auto-écoles s’interrogent et tentent de s’adapter.

Chaque élève doit se procurer un masque. On aura un stock pour ceux qui n’en ont pas.  L’élève devra désinfecter lui-même toutes les commandes : volant, clignotants et feu, levier de vitesse, frein à main, poignées des portières, rétroviseur, boutons de vitre…”, détaille avec précision Clémence Haicault. 
 


Même organisation pour Cécile Guillon, gérante d’une auto-école à Rennes. On profite des beaux jours pour ouvrir au maximum les fenêtres et aérer pendant les cours, confie-t-elle.
 

L’examen du permis : droit vers les bouchons ? 



A l’absence de protocole sanitaire s’ajoute une autre problématique : aucune date de reprise d’examen de permis n’a, pour le moment, été dévoilée. 

Tant qu’il n’y a pas d’inspecteur, il n’y a pas de permis. On ne peut pas continuer de former si nous n’avons pas de date précise de reprise des inspecteurs, déplore Clémence Haicault.

En moyenne, dans le centre où Clémence Haicault enseigne, une trentaine d’élèves passe l’examen du permis chaque mois. Huit semaines sans examen, les demandes s’accumulent. Et le retard aussi.

A Guingamp, les jeunes ne peuvent rien faire sans permis. L’attente est grande, on espère que tout reprenne le plus rapidement possible, confie la monitrice.

Une crainte que partage Pascal Julaud : On arrive au mois de juin, c’est une période estivale. Il va y avoir un engorgement, on ne pourra pas satisfaire tout le monde”. 

La priorité sera donnée aux élèves en conduite accompagnée et en fin de formation.

Selon nos informations, les examens poids lourd et moto pourraient commencer fin mai, les permis voiture devraient avoir lieu courant juin.

Ce vendredi 15 mai, une réunion devait avoir lieu afin d'établir un protocole sanitaire.



 
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