La chambre régionale d'agriculture de Bretagne, première région d'élevage en France, s'inquiète pour l'avenir de ces productions en raison en particulier de "l'usure économique et morale" des agriculteurs.
"La tentation d'arrêter l'élevage n'est plus taboue", écrivent les présidents de la Chambre dans une longue lettre ouverte rendue publique vendredi et adressée notamment au ministre de l'Agriculture et aux élus de la région.
Plus de céréales et moins d'animaux
"Les revenus de l'élevage sont toujours à la peine et inférieurs aux revenus des filières végétales", relève la Chambre qui voit se profiler "une végétalisation rampante". En clair, la production animale ne remunèrant plus assez, les élevages commencent à être remplacés par des céréales, plus rémunératrices.
Les auteurs de la lettre constatent une diminution du nombre de bovins en 2021, et "la tendance semble s'accélérer". La filière porc fait face à "une envolée des matières premières". En volailles, ils déplorent une "importation inacceptable par notre RHD (restauration hors domicile, ndlr) hexagonale".
La moitié des exploitations doit changer de main dans les 10 ans à venir
"Face à cette usure économique et morale des producteurs", le renouvellement des générations (la moitié des exploitations doit changer de main dans les 10 ans
à venir, ndlr) "pourrait être confronté à la rébellion de la nouvelle génération, et l'absence de consentement à payer pourrait aboutir à l'absence de consentement à produire", écrivent les représentants des agriculteurs.
"Les éleveurs aspirent à une vision et une cohérence entre politiques publiques et politiques de filières, entre enjeux de souveraineté alimentaire, enjeux climatiques et environnementaux!", poursuivent-ils, soulevant notamment les questions de la souveraineté alimentaire comme des énergies issues de l'agriculture.
Ils pointent du doigt les énergies renouvelables
"Les politiques publiques en faveur de la production d'énergies renouvelables représentent-elles un risque pour la vocation alimentaire de l'élevage? Risquent-elles
de transformer insidieusement les terres à vocation fourragère en surface de biomasse à vocation énergétique (...)Pour +faire son beurre+, vaudra-t-il mieux être énergiculteur
qu'éleveur?", s'interrogent les auteurs de cette lettre.
Revenant sur les gaz à effet de serre émis par l'élevage, ils demandent
Veut-on en Bretagne la neutralité carbone de l'élevage breton, sans vache dans les champs, sans jambon, sans poulet régional dans nos cantines?
Au niveau national, la Bretagne fournit 57% des porcs, un tiers des poulets de chair, 45% des oeufs et 20% du lait. Cette production fait de l'agroalimentaire un des principaux pourvoyeurs d'emplois en Bretagne.