Le nombre de fermes bio explose en Bretagne. L'année 2016 s'annonce déjà comme une année record.
C'est un record. En 2016, alors que, pour l'heure, seuls les chiffres du premier semestre sont connus, "la dynamique des conversions laitières franchit un record historique". Depuis que l’Observatoire de la production bio en Bretagne recense les conversions à l'agriculture biologique, en 2006, jamais la Bretagne n'a connu de tels chiffres.
Au premier semestre de cette année, quelque 310 fermes vont se convertir à l'agriculture biologique. En 2015, sur toute l'année, elles étaient environ 230.
Le lait : principal secteur concerné
Le secteur du lait est la principale activité des fermes bio. Il représente 28 % des conversions. Suivent ensuite les légumes (25 %), les grandes cultures (8 %) puis la viande (8 %). L'activité la moins concernée par le bio est l'apiculture (1 %), mauvaise élève derrière l'aquaculture et les produits de la mer (2 %) et les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (2 %).Et la tendance n'est pas près de s'inverser : en ce premier semestre 2016, 43 % des conversions au bio concernent le secteur du lait.
"C’est un grand classique, quand les prix du lait plongent, précise Antoine Besnard de la Frab dans les colonnes de Bastamag. Même s’il faut attendre deux ans pour pouvoir vendre son lait au prix du bio, cela vaut le coup pour les agriculteurs d’entamer une conversion. La dernière vague avait eu lieu en 2008."
Le producteur bio doit être reconnu
À Montreuil-le-Gast (35), il y a 18 ans, Yves Simon et ses parents se sont convertis à l'agriculture biologique. À l'époque, la production bio était une exception, considérée comme une "niche". Mais aujourd'hui, "le consommateur est fortement demandeur . Ça se développe. Aujourd'hui, ça se démocratise et donc ça prend une échelle tout autre", se réjouit Yves.
Face à un tel engouement, tous les acteurs montrent leur intérêt pour ce mode de production. Parmi eux, les grandes et moyennes surfaces (GMS). Cependant, les producteurs n'entendent pas tout abandonner à leur profit. "Le bio a des bienfaits sur la qualité de l'eau et de l'air. On pense que le producteur bio doit être reconnu pour ça et les GMS doivent le comprendre", demande Jean-Paul Gabillard de la Fédération nationale de l'agriculture biologique.
Cependant, le prix reste le principal obstacle aux yeux des consommateurs. Et du côté des GMS, c'est bien sur ce levier qu'il faut agir... sans toucher à la rémunération, tiennent-elles à préciser. "Il faut regarder comment on peut baisser des coûts. À ne pas confondre avc la rémunération. Il s'agit d'optimiser les coûts, de permettre que tout le monde puisse vivre de la filière bio et en rendant le produit plus accessible au consommateur", précise Philippe Bernard du groupe Carrefour.
Reportage : G. Le Morvan / J.-M. Piron / T. Descamps.
Le nombre de fermes bio explose en Bretagne. L'année 2016 s'annonce déjà comme une année record.
Le bio : cher à produire
Selon l'Association des marchés biologiques, plusieurs éléments peuvent expliquer le coût des produits bio. "1° la somme de travail par unité de production est plus grande ; 2° la diversité des dermes ne permet pas de réaliser d'économies d'échelles ; 3° les rendements sont plus faibles ; 4° le respect de la traçabilité des produits biologiques nécessite des contrôles onéreux."En Bretagne, 7 communes sur 10 ont au moins une ferme bio sur leur territoire. Environ 65 % des Français consommeraient bio au moins une fois par mois, soit quasiment deux fois plus qu'en 2003.