L'exécutif a annoncé le passage au « stade 3 » du plan de prévention du coronavirus. Cette nouvelle gestion implique de reconnaître le Covid-19 comme une épidémie. Rappel historique de quatre épidémies qui ont frappé la Bretagne ce dernier millénaire.
On utilise souvent le mot épidémie, mais quand peut-on officiellement l'utiliser ?
Selon Futura Sciences, une épidémie c'est "la propagation rapide d'une maladie infectieuse à un grand nombre de personnes, le plus souvent par contagion."
L'épidémie fait son apparition lorsqu'il y a un grand nombre de malades là où la maladie était absente.
Un historien amateur youtubeur, Nicolas Graignic, a recherché les épidémies qui ont ravagé la Bretagne ce dernier millénaire. Il en dénombre quatre sur sa vidéo Youtube, visible ci-dessous.
Le Choléra
En 1832, le choléra parcourt la planète. En mars, elle arrive à Paris. En mai, un malade arrive par diligence à Quimper. L'homme meurt rapidement, et contamine déjà tous ses compagnons de voyage qui, eux, vagabondent librement dans la ville, avant de mourir quelques jours plus tard. En six mois, la bactérie, transmis par ingestion, aurait fait 3018 décès sur les 7375 contaminés.
La Variole
Une quarantaine d'année plus tard, la Variole fait son apparition. Ce virus est transmis par voie respiratoire ou par contact par lésion. La Variole a toujours existé en présence de l'Homme. Mais une épidémie ravage la Bretagne au XIXème siècle. L'arrivée dans la région se serait fait via la contagion d'un chanteur de rue admis à l'auspice de Vannes. Le personnel de l'établissement et d'autres malades seront, à leur tour, touchés par la maladie. L'infection se poursuit à Brest, Lorient et Landerneau.
Le Morbihan est le département le plus touché par la maladie. En 1872, en France on compte 90 000 décès, dont 8 187 dans le Morbihan et autour de 8 000 dans le Finistère. L'historien amateur a trouvé ces informations dans les carnets, aujourd'hui numérisés, d'un médecin morbihannais.
La Dysenterie et le Typhus
Aussi appelées conjointement maladies de Brest. Ces deux maladies ont particulièrement touchées la Bretagne. Ces maladies seraient apparus à Brest via un navire provenant des Antilles en 1741 ramenant deux épidémies dans la ville. Le port de Brest est très vite contaminé.
En 1742, les deux épidémies font autour de 40 000 victimes en Bretagne et particulièrement au nord-est de la région.
En 1757, même scénario : un nouvel équipage apporte les deux virus au port de Brest. En 1779, les deux épidémies reviennent une nouvelle fois dans l'Ouest de la France.
En 40 ans, la Bretagne aurait perdu autour de 100 000 habitants. Une disparition liée sûrement à l'appauvrissement de la région et à son sous-développement.
La Peste noire
Comme toute l'Europe, la région a été lourdement touchée. Lors de son traitement, c'est la première fois que l'on place les patients en quarantaine. Lors de son apparition en 1347 et jusqu'en 1352, un tiers de la population européenne disparaît, soit environ entre 25 et 30 millions d'habitants. Après ce siècle meurtrier, la peste noire fera plusieurs apparitions moins conséquentes, notamment à Quimper, jusqu'au milieu du 17ème siècle. En 1623, on structure la quarantaine : trois semaines d'isolement sont imposées au malade.
Selon Nicolas Graignic, pendant les épidémies de peste noire, "j'ai remarqué, dans les ouvrages, les nombreuses lapidations de Juifs, accusés d'être responsables de cette maladie. L'antisémitisme était déjà bien présent au XIVème siècle."
D'autres épidémies, comme la grippe espagnole, ne sont pas à écarter. "Mais le travail de documentation sur la région Bretagne est beaucoup plus compliqué", selon Nicolas Graignic.
Contacté, le département d'Histoire de l'université de Rennes reconnaît le sérieux des études de cet historien Youtubeur, connu des historiens professionnels et ajoute : "On peut ajouter qu'aux XVI et XVIIème siècle, la Bretagne est un peu moins touchée que d'autres régions par les épidémies en France. Mais aux XVIII et XIXème siècles, la région s'appauvrit. Elle devient plus touchée que les autres, et fait de nombreuses victimes notamment autour des ports", répond Philippe Hamon, historien à l'université Rennes II.
Dans cette période de coronavirus, Nicolas Graignic rappelle que "l'humanité a traversé des épidémies très violentes, mais elle n'a jamais mis très longtemps à s'en remettre. Cette vidéo permet de relativiser, le Covid-19 semble beaucoup moins violent et aujourd'hui avec la science, un vaccin peut être trouvé".