Brexit : l'inquiétude monte dans les ports bretons

Dans les ports de Saint-Malo, Roscoff et Brest, où près d’un million de tonnes de marchandises transitent chaque année avec le Royaume-Uni, l’inquiétude grandit à moins d’un mois du Brexit.


Le calme règne actuellement dans les ports bretons, avant la tempête nommée Brexit ? Alors que se rapproche la date fatidique du Brexit, programmé pour le 29 mars, une crainte hante les quais des ports de Saint-Malo, Roscoff et Brest : celle d’une sortie sans accord du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Les trois ports devraient alors remettre en place des contrôles des camions. Le spectre de longues files d’attente fait redouter une baisse de la fréquentation. Un enjeu de taille pour les ports bretons, car le Royaume-Uni est le principal pays étranger avec lequel ils échangent.
 

Des transporteurs routiers pourraient éviter la Bretagne


Un risque confirmé par Jorge Gregores. Ce chauffeur routier portugais fait l’aller-retour entre l’Espagne et l’Angleterre chaque semaine. En embarquant le plus souvent de Saint-Malo. Nous l’avons rencontré dans un ferry affrété par la Brittany Ferry. Pour lui, chaque minute supplémentaire passée en escale lui coûte de l’argent. Alors sa décision est prise : en cas de bouchons à cause des contrôles douaniers, il ne desservira plus le Royaume-Uni.

"S’ils ne cherchent pas une façon de contrôler les marchandises plus rapide, alors je cherche une autre ligne. La route vers l’Italie, l’Allemagne, la Hollande ou la Belgique", affirme Jorge Gregores.
 

Des installations provisoires, pour des contrôles aux modalités encore floues


Pour parer au plus pressé, des installations provisoires sont prévues, même si rien n’est encore sorti de terre. Les travaux doivent avoir lieu dans le courant du mois de mars.
La région Bretagne, propriétaire des ports, a débloqué près de 2 millions d’euros pour les ports de Roscoff et de Saint-Malo. Une somme qui servira à construire des guérites supplémentaires pour les contrôles douaniers et des postes d’inspection pour les contrôles sanitaires.

Par ailleurs, l’Etat promet d’envoyer en renfort 15 douaniers dans les deux ports bretons. Un contingent qui risque bien d’être insuffisant si les douaniers doivent examiner chaque camion dès le 30 mars. C’est encore l’objet de négociations avec les autorités européennes, nous confirme la préfète de Bretagne. "Nous négocions actuellement des mesures de contingences qui visent à atténuer les obligations dans un premier temps, le temps que tout le monde s’organise", explique Michèle Kirry, préfète de Bretagne. "Tout sera fait dans l’intérêt du monde économique pour limiter au maximum l’impact sur la vie économique", assure t-elle.


 
 

La bataille des corridors mal embarquée


Les ports bretons s'inquiètent d'une autre conséquence d'un Brexit dur : le nouveau tracé du corridor entre l'Irlande et le continent, proposé par Bruxelles.
Il intègre les ports belges et néerlandais, ainsi que Le Havre, Calais et Dunkerque.
Avec à la clef : des fonds européens pour se développer. Mais les ports bretons en sont exclus.
Une première bataille perdue, mais tout n’est pas encore joué. L'intégration des ports bretons sera revue à partie de 2021
 

"Il va falloir bricoler"


En attendant le 29 mars, les autorités avancent dans le flou, comme le reconnaît la Région, propriétaire des ports :

"Un Brexit dur, il va être difficile, ça va être galère", admet Martin Meyrier, vice-président du conseil régional de Bretagne en charge de l’économie. "Il va falloir être en mesure de bricoler au maximum pendant les premières semaines, pendant les premiers mois. Mais ensuite, c’est notre responsabilité de permettre aux ports d’avoir des infrastructures qui leur permettent d’affronter les nouvelles contraintes."


A moyen terme, pour répondre aux enjeux du Brexit et de l’arrivée de grands navires, la région Bretagne a lancé une opération de modernisation du terminal ferry du Naye, à Saint-Malo. Coût estimé : 75 millions d’euros.


 
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