Conseil régional de Bretagne : dernière session sur fond de campagne

Ce vendredi, le Conseil régional se réunira pour la dernière session de la mandature. Crise sanitaire oblige, l’hémicycle sera clairsemé et les élections régionales occuperont tous les esprits.

Il y aura sans doute une drôle d’ambiance ce vendredi à l’ hôtel de Courcy. La dernière séance plénière de la mandature du Conseil régional sera suivie à distance par la quasi-totalité des élus.

Confinement et crise sanitaire oblige, sur les 83 conseillers régionaux, seules vingt personnes ont été autorisées à siéger physiquement au sein de l’hémicycle. Habituellement programmés sur 48 heures, les débats et le vote des bordereaux seront concentrés sur une seule journée.

Le conseiller régional (RN) Gilles Pennelle ne décolère pas contre le président de Région Loïg Chesnais Girard . « Moins il voit les élus , mieux il se porte. Cette dernière session est vraiment bâclée » estime l’élu brétilien.

Dans les rangs de l’opposition, on reste clairement sur sa faim. « Pour cette dernière session, 3 dossiers essentiels pour la Bretagne et la majorité sortante  ne seront pas abordés. Rien sur la sortie des produits phytosanitaires. Le rapport défendu par Thierry Burlot est pourtant prêt. Rien sur le prochain contrat de plan Etat-Région. On aurait pu rassembler tout le monde pour mettre en place un rapport de force avec Paris. Rien non plus à propos de la Convention sur les langues régionales. On a vraiment l’impression que Loïg Chesnais-Girard, déjà en campagne, veut éviter les sujets qui fâchent », estime Marc le fur, le chef de file de la droite au Conseil régional.

La Région au chevet des entreprises

Les conseillers régionaux auront tout de même du grain à moudre durant cette journée de session. Notamment les dernières mesures d’urgence destinées à réduire les difficultés économiques de certains bretons. « Jusqu’au bout, je souhaite montrer que la Région assume ses responsabilités, qu’elle peut venir en appoint de l’action de l’Etat », explique Loïg Chesnais-Girard, le président de Région (PS).  

Des ajustements budgétaires seront ainsi votés ce vendredi pour venir en soutien aux entreprises. 6 millions d’euros seront bloqués pour la  Brittany Ferries. Cette somme ne sera pas versée automatiquement. Elle sera soumise à deux conditions : l’eurocompatibilité des aides et un réel manque à gagner sur le fret pour la compagnie bretonne. « Nous n’excluons pas de rentrer dans le capital de l’entreprise même si ce n’est pas la piste privilégiée pour l’instance », précise le président du Conseil régional.

Seront également financées, 930 places supplémentaires de formation dans le secteur de la santé. Au chapitre des transitions écologiques, la Région accélère aussi l’acquisition de cars GNV pour les liaisons interurbaines.

Un plan de soutien pour la jeunesse

Mais la majorité sortante souhaite surtout défendre son plan de soutien pour la jeunesse bretonne. 2,8 millions d’euros ventilés sur 32 mesures qui couvrent l’urgence alimentaire à l’aide psychologique en passant par la formation. Avec deux priorités : l’accompagnement des plus fragiles et isolés et  l’accès au monde du travail .

                                                            

« Les socialistes se réveillent enfin. Jamais la jeunesse n’a été affichée comme une priorité durant ces six dernières années. Jamais cela ne s’est traduit sur le plan budgétaire »,  estime Bernard Marboeuf, conseiller régional (UDI) et président de la commission des finances à la Région.

« Une centaine de contrats étudiants, une dizaine de lycées concernés par ce plan jeunesse. Cela n’est que du saupoudrage électoraliste et clientéliste » renchérit le chef de file RN à la Région, Gilles Pennelle.

De son côté, le groupe «  Droite, centre et Régionalistes » portera des amendements notamment la gratuité temporaire des transports pour les moins de 30 ans et la mise à disposition des internats cet été pour les stagiaires et les alternants.

Ultime vote d’une majorité éclatée

Reste à savoir le positionnement des élus LREM qui siègent encore pour quelques heures  au sein de la majorité régionale . Même s’ils ont choisi de soutenir la liste de Thierry Burlot « Nous la Bretagne », ils voteront tous les bordereaux proposés par l’executif régional.

« En politique aussi, dans un processus de divorce, on continue à payer les charges communes » précise Hind Saoud, conseillère régionale LREM et présidente du groupe Breman.

Loyauté contrainte car depuis quelques jours, les anciens alliés ne se font plus de cadeaux. Les passes d’armes par médias et réseaux sociaux interposés se multiplient entre socialistes et marcheurs.

Dernière en date, celle entre le vice-président chargé de la Culture, et l’ancien vice-président délégué à la Mer.

Dans une tribune publiée cette semaine sur sa page facebook, Jean-Michel Le Boulanger a clairement annoncé son choix de voter à gauche tout en fustigeant la candidature de Thierry Burlot et le « en même temps » de la majorité présidentielle.  Pierre Karleskind, aujourd’hui député européen, a immédiatement réagit en laissant ce commantaire : « Un excellent auteur ( sic Jean-Michel Le Boulanger) écrivait, il y a 2 ans – celui qui garde la frontière manque cruellement d’imagination, quel dommage qu’entre temps tu sois devenu douanier ». Ambiance.   

                                                                     

Un président candidat ?

A droite, on réserve les coups à celui que l’on considère comme un président de Région déjà en campagne.

Isabelle Le Callennec, la tête de liste LR pour les élections régionales, vient de dénoncer dans un communiqué une campagne, selon elle, faussée : « force est de constater une distorsion de concurrence entre les candidats sortants qui se déplacent utilisant les moyens de la Collectivité au motif de leur activité professionnelle, et les autres, qui attendent de savoir si leur déplacement est bien d’intérêt général et ne pouvant être différé. Dans un contexte qui fait craindre une abstention record, une réponse assumée et un maximum d’équité ne nuirait pas . »

                                                         

Réponse ce mercredi du principal interessé à l’occasion d’une visio-conférence de presse : « Tous mes déplacements ont pour seul objet la gestion de la crise. Je suis entièrement concentré sur mes fonctions de président de Région. Je ne peux annoncer ma candidature puisque la date des élections n’a pas été encore confirmée. Les parlementaires s’exprimeront la semaine prochaine. Je respecte ce calendrier car je suis républicain ».

Ce qui n’empêche pas Loïg Chesnais-Girard de rester offensif sur le plan politique et de maintenir des marqueurs sur l’expérimentation et la différenciation.

Si la situation le permet,  le président du Conseil régional souhaite faire de la Bretagne un laboratoire du déconfinement et cela dès le début du mois de mai. Selon lui, des expériences pourraient être menées pour l’ouverture de certains lieux, pour la reprise de certaines activités sur des territoires très ciblées.

« Attention de ne pas brouiller les messages de précaution et de prévention délivrés au plan national. Suivons d’abord les recommandations des scientifiques » rétorque Hind Saoud, la conseillère régional LREM.

L’unité de la majorité régionale a clairement vécu.

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