Conserver l'empreinte de la langue bretonne, l'ambition du programme "Sorosoro"

"Sorosoro" lancé en 2008 s'emploie à filmer la diversité linguistique. La journaliste bretonne et directrice de ce projet Rozenn Milin vient d'achever une colllecte des paroles des anciens en Bretagne. Pour elle, une langue reste "une vision du monde". 

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Ce mois d'août, Rozenn Milin, journaliste bretonne et Dewi Siberil porteur du projet Hentoù Treuz ("chemins de traverse") ont parcouru la région, pour filmer ceux qui parlent le Breton. Les frères Morvan à Saint-Nicodème, Jeannine Lagadic à Pont-L'Abbé, Jean-Louis Laot à Lannilis et bien d'autres ont accepté d'être filmés dans leur langue maternelle. 

Cette collecte vise à enrichir le programme "Sorosoro", lequel milite pour la préservation des langues minoritaires, du monde et en France. Jusqu'ici, 5500 langues ont été localisées sur un planisphère interactif. 


Les faire parler



"Ce qui compte, c'est de les faire parler" explique Rozenn Milin, directrice de "Sorosoro". Avec son équipe, elle a passé des heures à filmer en Bretagne, en se basant sur un corpus de questions élaboré par des linguistes et des anthropologues. "Ils racontaient ce qu'ils voulaient, des histoires de vie, des histoires drôles, parfois coquines" sourit-elle. "On a aussi passé une journée à faire des crêpes avec Joséphine. Les recettes ça marche toujours !" 


C'est quasi impossible de trouver aujourd'hui un endroit où l'on pratique le Breton tous les jours, hors de familles militantes, c'est pour ça qu'il faut accéder aux anciens



Rozenn Milin précise qu'il y a un fossé entre les générations de bretonnants : "les anciens ont arrêté de le transmettre dans les années 50. Les nouvelles générations l'apprennent à l'école, de manière livresque. Ce n'est pas la même chose d'apprendre en famille, en immersion."


"On n'a pas 10 ans devant nous"



Après un mois de tournage, c'est le constat de Rozenn Milin. Elle pensait encore avoir 10 ans devant elle pour récolter le savoir des anciens. Mais ces derniers oublient "plein de choses. Ils n'arrivent plus par exemple à compter très loin en Breton. Même s'ils ont parlé Breton toute leur vie, le Français a pris trop de place." 

Tous ont été très heureux de participer au projet, prenant conscience de son importance. "Certains ont des regrets de ne pas avoir transmis la langue à leurs enfants. À l'époque, ils ne mesuraient pas tout ça et il y avait en plus la honte qu'on attribuait au Breton." 

Des vidéos au format court feront suite à ce travail, pour être utilisées dans un cadre pédagogique. Ce sera aussi un moyen de donner une visibilité à la langue bretonne à l'international. 
 

La langue bretonne, état des lieux



Il y a un siècle, la Bretagne comptait plus d’un million de brittophones. Il y a 30 ans, il y en avait encore 500 000. Aujourd’hui il en reste moins de 200 000, et la région en perdrait près de 10 000 par an, au point que l’UNESCO classe la langue bretonne dans la catégorie des langues sérieusement menacées de disparition. 

 





Sorosoro, un mot rare
Ce mot très rare signifie "souffle", "parole" en araki, une langue aujourd'hui pratiquée par seulement huit personnes au Vanuatu (à l'époque du lancement du projet en 2008), un micro-état du Pacifique. Les vidéos déjà collectées sont disponibles sur la chaîne Youtube du projet.

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