Convention Citoyenne: après neuf mois passés à plancher sur le climat, Grégory attend maintenant des actes

C'est leur 7ème et dernière session de travail: les 150 participants à la convention citoyenne sur le climat, parmi lesquels se trouve le Breton Grégory Oliveira Dos Santos, se réunissent pendant trois jours à Paris pour voter leurs propositions, issues de neuf mois de travaux. 

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Depuis son domicile de Thorigné-Fouillard, Grégory Oliveira Dos Santos ne rate pas une miette des échanges qui ont lieu en ce moment même entre les 150 participants de la convention citoyenne sur le climat, et qui devraient durer jusque très tard dans la soirée. 

En visio-conférence avec Paris, il écoute les propositions élaborées par les autres groupes de travail, qui sont soumises au vote à partir d'aujourd'hui. Lui-même défendra la sienne demain dans la capitale. Le rapport final sera remis au gouvernement dimanche.
 

Neuf mois épuisants


Ces neuf mois passés à cogiter sur le moyen de réduire nos émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40 % d'ici à 2030, Grégory les a trouvés "épuisants psychologiquement" mais tellement intéressants qu'il ne regrette évidemment pas tout le temps qu'il y a consacré. "C'est beaucoup d'autoformation: j'ai passé mes soirées à rechercher des documents sur internet, ensuite je les faisais suivre. On a créé un groupe WhatsApp et Facebook, donc on n'a pas arrêté d'échanger entre nous," raconte Grégory, qui se souvient aussi avec un brin de nostalgie des week-ends passés à Paris. "On était dans le même hôtel, et le soir, on poursuivait les débats de la journée." 

Les discussions étaient parfois animées, il y avait des gens avec qui je n'étais pas d'accord, mais j'ai quand même apprécié de travailler avec eux. C'est ça qui était intéressant!

Grégory Oliveira Dos Santos

 

D'après Grégory, les participants ont été profondément transformés par tout ce processus de réflexion collective. "Moi j'étais déjà sensibilisé aux problèmes d'environnement, mais je crois que ceux qui ne l'étaient pas ont pris une baffe pendant cette convention. Et ceux qui l'étaient ne se rendaient pas forcément compte de l'urgence de la situation. Il y a même des personnes qui ont pleuré..."
 

150 propositions


Aujourd'hui, la convention s'est penchée sur les mesures proposées par les quatre groupes "Produire et travailler", "Se loger", "Se déplacer" et "Consommer". Demain, le groupe "Se nourrir" présentera les siennes. Au total, ce sont 150 propositions qui seront soumises au vote des participants.

Grégory sait déjà qu'il votera pour: "les gens ont préparé leurs mesures pendant neuf mois, ils ont entendu des avis parfois divergents de plusieurs spécialistes. Ils ont longuement réfléchi. Je ne me vois pas aller voter contre leurs conclusions." Lui même a oeuvré au sein du groupe "Se nourrir" et présentera une mesure sur l'éthique alimentaire.

 

Objectif SN6.1 : "Réglementer la production, l'importation et l'usage des auxiliaires techniques et additifs alimentaires". Le texte intégral de la proposition de Grégory:


Et après?


Et si tout cela n'aboutit à rien? C'est évidemment la grande appréhension des participants. "Nous avons tous peur que nos propositions ne soient pas prises en compte, ou alors tellement modifiées qu'elles en deviennent creuses, s'inquiète Grégory. 

Nous présentons des mesures fortes, et nous savons que la population ne nous rejoindra pas sur tous les points. Mon groupe par exemple s'attaque assez fortement aux pesticides: il va forcément y avoir des blocages de la part des lobbys.

Grégory Oliveira Dos Santos

 

Mesures audacieuses


Certaines des mesures proposées pour lutter contre les gaz à effet de serre sont d'un registre classique: promotion du bio et des circuits courts, réduction de la consommation de viande ou de produits laitiers, baisse de la TVA sur les billets de train... 

D'autres sont beaucoup plus audacieuses, voire à contre courant des idées du gouvernement: réduire le temps de travail de 35 à 28 heures, contraindre les entreprises à reverser une partie de leurs dividendes pour la transition écologique, réguler la publicité, obliger pour les propriétaires à rénover les logements considérés comme des "passoires thermiques", limiter la commercialisation des SUV...
 

Vers un référendum?


Comme le stipulait leur feuille de route, les participants ont dû réfléchir au financement de leurs mesures, dans un souci permanent de justice sociale: aucune de leur mesure ne doit mettre en difficulté les français. Ceci pour rappeler que la convention est née de la révolte des Gilets Jaunes contre la taxe carbone.

C'est aussi à eux de proposer les mesures qu'ils imaginent faire l'objet d'un simple décret, d'une loi ou carrément d'un référendum. En janvier dernier, Emmanuel Macron leur avait dit être favorable à une consultation populaire pour certaines mesures, notamment celle qui contraindrait les propriétaires à la rénovation énergétique de leur logement.
 

Je m'engage, sur ce qui peut l'être, à faire un référendum...Je pense qu'il faut, sur quelques mesures, en appeler à un référendum, car c'est ce qui permettra de partager avec tout le monde la préoccupation sur le sujet

Emmanuel Macron à la Convention citoyenne en janvier dernier


Si tel est le cas, ce sera déjà un événement en soi: le dernier référendum remonte à 2005. Il avait abouti à un fiasco pour le gouvernement de l'époque, puisque le "non" à la Constitution européenne l'avait nettement emporté. Depuis, aucun chef de l'Etat ne s'est risqué à y recourir de nouveau.

Il sera de toute façon difficile pour Emmanuel Macron d'enterrer sans en débattre les conclusions de cette Convention: cette expérience de consultation citoyenne se termine justement à un moment où nombreux sont ceux qui aspirent à inventer "le monde d'après". Et quoi qu'il arrive, les 150 participants, issus de toutes les composantes de la société française, auront prouvé que quand il s'agit de sauver la planète, le consensus est possible.

Pour suivre la convention citoyenne en direct:

 

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