Ce vendredi matin à Montfort-sur-Meu plus d'une centaine de grèvistes du site d'abattage de porcs de la Cooperl Arc Atlantique ont défilé dans les rues. A la mairie ils ont alerté les responsables politiques et exigé un médiateur pour reprendre les négociations de salaire avec la direction.
Depuis le jeudi 25 février, des salariés des abattoirs de la Cooperl Arc Atlantique de Lamballe, dans les Côtes-d'Armor (Siège), et de Monfort-sur-Meu, en Ille-et-Vilaine, se sont mis en grève à la demande de l'intersyndicale (Cfdt, FO, CGT).
Le Site de Saint Maixent (Deux-Sèvres) les a rejoints ce jeudi 3 mars. Ce sont donc environ 2000 ouvriers des chaines d'abattage et de découpe et des frigos qui sont les premiers concernés.
En cause : les NAO
C'est la veille négociations annuelles obligatoires des salaires que tout a commencé. La direction a fait part aux syndicats de l'entreprise de son intention de geler les salaires et de revoir les bases de calcul de leur 13ème mois et de leur ancienneté.Selon Noël Carré (CGT Lamballe) la plupart des salariés des ateliers de production plafonnent à 1500€ par mois une fois atteinte une ancienneté de 10 ans. Autrement dit: les trois quarts des salariés, ceux qui gagnent autour de 9.85€ de l'heure.
Alors quand on leur a exposé le nouveau calcul de l'ancienneté les syndicats ont protesté. Mais pour la direction le contexte économique ne permet rien d'autre : fin des négociations.
Face à ce mur, l'intersyndicale a publié une vidéo de toutes ses doléances qui fait le buzz :
"En moyenne le recalcul du 13ème mois et de l'ancienneté ferait perdre 500€ par an aux salariés" (Noël Carré, CGT)
Pire qu'un gel des salaires
"Tous les 2 ans les salariés ont une augmentation de 2% plafonnée à 10%, explique Noël Carré, donc au bout de 10 ans pas d'autre augmentation à espérer que celle du SMIC. Or une partie de notre salaire est constituée de petites primes selon le poste occupé. Prime d'hygiène, prime d'habillage, prime de pause, prime de nuit… sur lesquelles il y a des charges ce qui améliore notre future retraite (sauf en cas d'arrêt de travail ou les primes sont supprimées). Il n'y a que les primes de transport et de panier sur lesquelles l'employeur ne paie pas charge. Jusque là les primes chargées entraient dans le calcul du 13ème mois mais cette année la Direction veut changer cette règle qui est meilleure que la Convention Collective".L'intersyndicale estime que la Cooperl veut faire des économies sur le dos d'ouvriers dont les salaires sont gelés depuis 2013 qui ont déjà du mal à boucler les fins de mois, alors que de son coté la Cooperl n'a jamais cessé de faire des bénéfices. D'autant que les rythmes de production se sont accélérés depuis les accords de 2013 et que les TMS sont toujours plus fréquentes. Sur le site Internet de la Cfdt, un communiqué de l'intersyndicale énumère tous les griefs des salariés :
Contrairement à ce que dit la direction, les salariés ne vont pas bien. L’absentéisme des ouvriers de Lamballe en transformation est de 174 heures d’absence par ouvrier en 2015. En comparaison, l’absentéisme moyen des cadres est de 16 heures.
À Monfort-sur-Meu les salariés votent la reconduction de la grève pour lundi
Ce vendredi matin les salariés de Montfort-sur-Meu (35) défilaient dans les rues jusqu'à la mairie pour y rencontrer leurs élus.À Claudia ROUAUX Conseillère régionale PS et Conseillère communautaire de Montfort-sur-Meu, ils ont demandé qu'il n'y ait plus d'aide publique aux abattoirs sans contrepartie.
Olivier Louchard (Cfdt) explique que les salariés protestent contre le silence de la direction qui refuse tout dialogue.
L'intersyndicale demandé leur appui aux élus et co-signé un courrier à la préfecture du siège de l'entreprise (22) pour obtenir un médiateur et contraindre l'employeur à revenir négocier. Dans un courrier au Préfet de Saint-Brieuc la direction de la Cooperl décline l'invitation.
L'été dernier dans un interview donné à Ouest France, Emmanuel Commault dénonçait les distorsions de concurrence en Europe et résumait avec ces mots le fond de sa pensée: "on ne veut pas devenir un nouveau GAD". Aux salariés de l'entreprise il affirme que son seul combat c'est de sauver les emplois.
Contacté ce midi, le président de la Cooperl, Patrice DRILLET, refusait de communiquer.
La Cooperl est la première entreprise de la filère porcine en France, elle emploie plus de 5000 salariés. Jusqu'en 2014 elle a toujours été bénéficiaire, il faudra attendre le mois de juin pour connaitre le résultat 2015.