Peut-on imaginer un été en Bretagne sans ces rendez-vous culturels et festifs qui mobilisent des centaines de milliers de spectateurs ? Avec l'interdiction des grands rassemblements jusqu'à la mi-juillet, chaque organisateur cherche une réponse.


Maintenir ou pas l'événement, telle est la question à laquelle sont confrontés tous les organisateurs de spectacle dès lors que la sortie de confinement se dessine dans la longueur et la progressivité. La réponse semble s'imposer aux yeux de Jérôme Tréhorel, le directeur des Vieilles Charrues.
 
La donne n'est pas tout à fait la même, pour l'instant, à Lorient, où le calendrier laisse un peu de temps au Festival Interceltique (7-16 août). La programmation de la 50ème édition sera dévoilée jeudi, comme si de rien n'était, ou presque. « Nous sommes dans l'incertitude et nous suivons l'évolution, explique Lisardo Lombardia, son directeur. On s'est donné jusque mai car pour l'instant nous n'avons pas engagé de dépenses ».

Ce délai pour voir venir et réfléchir, certains organisateurs n'en disposent pas. Ainsi, ceux du festival Art Rock (29-30-31 mai, à Saint-Brieuc) ont annoncé l'annulation de l'édition 2020 « Cette décision est un véritable crève-cœur, car elle aura des conséquences financières importantes, pour l’association Wild Rose, organisatrice du festival, mais aussi pour ses équipes, ses prestataires, ses fournisseurs ainsi que l’ensemble des commerçants du centre-ville de Saint-Brieuc », souligne l'équipe du festival qui indique par ailleurs que les billets déjà achetés seront remboursés.
 

Bobital l'Armor à Sons (3-4 juillet) se voit également contraint de jeter l'éponge. « Cette décision reste cependant difficile à réaliser, tellement l'organisation de cette 12ème édition nous tenait à coeur et rythmait notre quotidien depuis septembre », écrit l'association Bowidel, dans un communiqué. Un texte qui traduit une grande déception et se tourne vers l'avenir avec les dates de l'année prochaine (2-3 juillet 2021), la promesse que « les studios Bobiwood resteront d'actualité » et une formule de fin : show must go on !

Astropolis, le festival de musique électronique (3-5 juillet à Brest), l'un des plus courus en Europe, devrait lui aussi s’effacer du calendrier. Comment faire autrement ? « C'est difficile de se projeter sur une autre date durant l'été, sachant qu'on risque de tomber sur un autre festival et de lui faire concurrence, explique Gildas Rioualen, cofondateur de l'événement. Et puis, ne faut-il pas limiter la casse plutôt que continuer à engager des frais en prenant des risques ? ». Le patron d'Astropolis ouvre toutefois une perspective, celle de reporter certains artistes sur des événements déjà programmés, comme en septembre à Plougonvelin, ou « Astropolis l'hiver ».

Cette agilité, on l'a retrouve chez les organisateurs de Kann al loar (3-5 juillet à Landerneau). Un conseil d'administration ce tiendra ce mardi soir. On imagine mal le maintien du festival, tout comme son report. « C'est un coup dur évidemment, mais ça ne met pas en péril le festival car notre budget est consolidé », souligne Jean-Baptiste Moal, chargé de communication. Pour rebondir, les organisateurs travaillent sur la mise en place de plusieurs rendez-vous de moindre ampleur répartis sur l'année. Un schéma déjà imaginé avant la contrainte imposée par le Covid-19, et qui pourrait donc se trouver conforté.
 

Autre événement phare de la scène bretonne, le festival de Cornouaille aura du mal à se tenir dans sa configuration prévue (21-26 juillet à Quimper), même si le créneau occupé arrive après la date butoir indiqué hier par le Président de la République. Les administrateurs se réuniront ce mardi soir. Un report vers d'autres dates, après l'été, n'est pas à exclure.

La marge de manœuvre semble plus étroite pour les fêtes maritime Brest 2020. En plein mois de juillet (10-16), le port brestois doit accueillir des milliers de bateaux, des centaines de milliers de spectateurs. Difficile d'imaginer un tel rassemblement dans des conditions sanitaires satisfaisantes et un esprit festif indissociable de ce rendez-vous. La décision devrait être prise lors d'un conseil d’administration vendredi matin. Un report en 2021 ou 2022 paraît la seule option possible.
Qu'en est-il du « petit frère », Temps Fête à Douarnenez (15-19 juillet), le rendez-vous qui prolonge les fêtes maritimes brestoises, à une autre échelle (100 000 personnes attendues sur 5 jours) ? « On navigue à vue, confesse sa directrice Hélène Bithorel. Nous demandons de la clarté. Quelles conditions sanitaires imposées ? Quelle jauge de public serait autorisée ? Est-ce qu'on pourra naviguer sur des bateaux du patrimoine, dans quelles conditions ? En fonction de ces éléments, on pourra dire si c'est jouable ou pas, mais nous ne les connaissons pas. Pour l'instant, nous travaillons sur le maintien des fêtes mais je doute qu'on dépasse fin avril sans prendre de décision ».

 
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