Le tribunal administratif de Rennes a rejeté en bloc les demandes d'indemnisation de la famille de Jean-René Auffray, un joggeur mort en septembre 2016 dans une vasière envahie d'algues vertes à l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor), conformément aux conclusions du rapporteur public.
"Les requêtes des consorts Auffray sont rejetées", écrit le tribunal dans une décision en date du 25 novembre et transmise ce mercredi 30 novembre à nos confrères de l'AFP.
Durant l'audience du 27 octobre, le rapporteur public Dominique Rémy avait certes dénoncé la "carence de l'Etat" dans la prolifération des algues vertes en Bretagne mais estimé que le "lien de causalité" entre la présence des algues et le décès du joggeur "ne peut être établi, et il en va de même pour la responsabilité de l'Etat". "M. Auffray est décédé d'une insuffisance respiratoire brutale qui aurait pu être due à une exposition aux algues vertes ou à un arrêt cardiaque", a-t-il déclaré.
Rappel des faits
Âgé de 50 ans et adepte du trail, Jean-René Auffray avait été retrouvé mort à Hillion le 8 septembre 2016, dans la vase de l'estuaire du Gouessant, qui se jette dans la baie de Saint-Brieuc et où il s'était vraisemblablement aventuré pour secourir son chien. En apprenant le lieu du décès, fréquemment sujet aux marées vertes, des associations s'étaient immédiatement interrogées sur le lien avec les algues vertes qui, en se décomposant, émettent du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz potentiellement mortel à forte dose. Deux semaines après les faits, le parquet de Saint-Brieuc avait ordonné l'exhumation du corps du joggeur pour pratiquer une autopsie et des analyses toxicologiques. Effectuées trop tardivement, celles-ci n'avaient cependant pas permis de déterminer clairement les causes de la mort, et l'enquête avait été classée sans suite en avril 2017.
La famille de la victime avait saisi la justice administrative en juillet 2019 pour demander réparation auprès de la commune d'Hillion, de l'agglomération de Saint-Brieuc et de l'Etat, réclamant près de 600.000 euros d'indemnisation des préjudices subis. Maître François Lafforgue, avocat de la famille, avait quant à lui affirmé à l'audience que la présence d'hydrogène sulfuré était "avérée sur le site" grâce à des "mesures faites par des associations" et que "le rapport d'autopsie ne fait état d'aucune autre cause possible du décès".