Les algues vertes ont-elles tué le joggeur d'Hillion (22)? Réponse très floue de la justice

Les résultats de l'autopsie et des analyses ne permettent pas de déterminer "clairement" les causes du décès d'un coureur à pied en septembre à l'embouchure du Gouessant (22), selon le procureur de Saint-Brieuc. Les associations de lutte contre les algues vertes ne comprennent pas.

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"En l'état des résultats de l'autopsie et des analyses anatomopathologiques, sans possibilité d'analyse toxicologique fiable, les causes de la mort ne peuvent être clairement déterminées", indique le communiqué du procureur. Sportif et habitué des lieux, ce joggeur de 50 ans avait été retrouvé mort le 8 septembre dans un secteur où des sédiments anciens d'algues vertes se mêlent à la vase, à l'embouchure du Gouessant à Hillion (22).

Après avoir écarté l'éventuelle responsabilité des algues vertes dans le décès du coureur à pied, le parquet de Saint-Brieuc avait ordonné fin septembre l'exhumation du corps du sportif, retrouvé dans un secteur où 36 sangliers avaient péri en quelques jours à l'été 2011. Un rapport de l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) avait alors mis en avant de fortes présomptions quant à la responsabilité des émissions d'hydrogène sulfuré provenant des algues en décomposition dans ces morts successives.


Inoffensives quand elles sont fraîches, les algues vertes dégagent, en se décomposant, de l'hydrogène sulfuré (H2S) dont les émanations, à doses élevées, peuvent entraîner la mort. 

"L'aspect des poumons est compatible avec une asphyxie oedémateuse orientant vers une cause d'origine centrale qui peut survenir tant sous l'effet de toxiques, dont l'H2S, que d'une privation brutale d'oxygène résultant d'un arrêt cardiaque", poursuit le procureur.


L'autopsie ne permet pas d'affirmer que les algues vertes sont responsables


"L'éventuelle intoxication à l'hydrogène sulfuré est évoquée comme hypothèse en seule considération du milieu de découverte du corps: zones de vasières dont certaines portions dégagent, dans certaines conditions d'enlisement, des quantités toxiques voire mortelles de ce gaz", écrit le magistrat, soulignant que la position de la victime "évoque un décès brutal". "Les analyses des vases et les mesures d'émanations de gaz ont révélé (...) en certains endroits, lorsque ces boues sont remuées, des émanations de ce gaz à des niveaux pouvant atteindre rapidement plus de 1000 ppm" (partie par million, ndlr), écrit encore le procureur Leclerc.

Au-dessus du seuil de 500 ppm, selon les scientifiques, une rapide perte de connaissance, accompagnée de troubles respiratoires, se produit, pouvant aller jusqu'à la mort si l'exposition au H2S  n'est pas interrompue. 


Le procureur de Saint-Brieuc va quand même alerter le préfet d'un risque réel... C'est ce qu'il indique dans le communiqué envoyé hier:

La toxicité ainsi révélée des vasières du Gouessant paraissant constituer un risque réel pour la santé publique, le procureur de la République a transmis ces éléments au Préfet des Côtes d'Armor


Plus de questions que de réponses


Ce qui fait bondir les associations environnementales. Yves-Marie Le Lay de l'association "Sauvegarde du Trégor" a envoyé une lettre au procureur, dès ce matin. Il explique qu'à la lecture du communiqué, il y trouve plus de questions que de réponses. Il écrit également qu'aucun autre toxique que l'hydrogène sulfuré n’a été décelé sur les lieux, et que donc "l’H2S serait le seul toxique envisageable". Pour l'association "Bretagne Terres d’eau Pure", "deux éléments factuels présents permettent de conclure sans aucun risque d’erreur que le décès (...) est dû à l’inhalation de gaz hautement toxique (...)." 

Le reportage à Hillion (22) de Maylen Villaverde et Vincent Bars

 

Le reportage à Hillion (22) de Maylen Villaverde et Vincent Bars - Interviews : Docteur Claude Lesné, Ingénieur de recherche hors classe honoraire CNRS - André Ollivro, Président "Halte aux marées vertes"

Interviews
- Docteur Claude Lesné, Ingénieur de recherche hors classe honoraire CNRS
- André Ollivro, Président "Halte aux marées vertes"

Enquête en cours


Yves-Marie Le Lay et André Ollivro de l'association "Halte aux marées vertes" ont porté plainte contre le préfet des Côtes d'Armor en septembre dernier. Dans le cadre de cette enquête, ils seront entendus par un gendarme cette semaine. 

De son côté, le procureur conclut dans son communiqué que "le Parquet de Saint-Brieuc va désormais analyser de manière approfondie l'intégralité des pièces de la procédure afin de déterminer si des investigations complémentaires apparaissent nécessaires". Le chemin risque d'être long... La famille du sportif décédé n'a jamais manifesté sa volonté d'éclaircir les causes de sa mort.

La réaction du Dr Claude Lesné, au communiqué du procureur de la république


Le docteur Lesné spécialiste de la toxicité des polluants aériens réagit au communiqué du procureur de la République suite à l'autopsie du corps du joggeur


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