La préfecture des Côtes-d’Armor ordonne au propriétaire du moulin du Pont-Neuf de démonter les vannes et de démolir la retenue d’eau sur le Léguer d’ici le 31 mai, au nom de la continuité écologique, Une décision saluée par certaines associations mais inacceptable pour le propriétaire.
Le moulin du Pont-Neuf, situé sur la commune du Vieux-Marché, tourne toujours… mais pour combien de temps ?
Les propriétaires n’ont plus que quelques semaines pour détruire les vannes et la retenue d’eau. Celles-ci permettaient néanmoins de produire trois tonnes de farine par jour, il y a encore 35 ans.
Détruire les installations hydrauliques pour la continuité écologique
Au nom d’une continuité écologique à reconquérir, la préfecture des Côtes-d’Armor, a en effet ordonné l’effacement des installations hydrauliques. La raison ? L'incapacité des propriétaires à justifier d’un droit d’eau.
Pourtant, le moulin, construit à 1791, a toujours payé des taxes sur son activité.
Ce ne sont pas les pierres qui sont dans l’eau qui sont responsables de la dégradation de la qualité de l’eau et de la faune piscicole !
Guillaume Scolan, copropriétaire du moulin du Pont-Neuf
"Le droit d’eau a forcément existé" clame Guillaume Scolan. "Le document qui doit dater de 1791 et qui devrait être conservé par les archives de la police de l’eau n’est plus présent. Et parce que je ne trouve plus ce document, aujourd’hui, on souhaite détruire l’ensemble des ouvrages de ce moulin qui ont plus de 230 ans. Ça me paraît aberrant, car ce sont des outils, des témoins de notre passé", s'indigne le copropriétaire du Moulin du Pont-Neuf, qui ajoute "Ce ne sont pas les pierres qui sont dans l’eau qui sont responsables de la dégradation de la qualité de l’eau et de la faune piscicole !"
Eau et rivières aux côtés de l'État
Du côté d’Eau et Rivières de Bretagne, on se félicite de la position intangible de l’État sur le sujet. Pour l’association les retenues des moulins ont un impact défavorable sur le milieu.
" Là, vous avez un plan d’eau, or les poissons comme le saumon ont besoin pour se reproduire d’un milieu constitué d’eau courante et de gravier. Le plan d'eau, ce ne sont pas des eaux courantes et des graviers, donc on a une perte de l’habitat pour ces populations-là " explique Jean-Luc Pichon, administrateur d'Eau et Rivières de Bretagne.
Les retenues d'eau, toujours au cœur des débats
En pleine loi climat et résilience, l’effacement des retenues d’eau aux abords des moulins a fait longuement débat au parlement.
Pour Pierre Meyneng, Président de la Fédération Française des Associations de Sauvegarde des Moulins, leur utilité est pourtant incontestable : "La rivière européenne a toujours été étagée historiquement par des barrages de castors et aujourd’hui par des barrages de moulins. L’homme n’a fait qu’imiter la nature puisque nous sommes dans un climat saisonnier en Europe, avec beaucoup d’eau l’hiver et très peu l’été. Et comment gère-t-on cela ? On crée des petites retenues tout le long de la rivière qui vont permettre de maintenir des eaux tout au long de l’année, d’alimenter les nappes et de préserver les refuges pour les poissons l’été lorsqu’il n’y a plus d’eau."
Guillaume Scolan ne veut pas rendre les armes. Il a lancé une pétition pour que le Moulin du Pont-Neuf conserve tous ses attributs.
(Avec Jean-Marc Seigner)