Unique au monde, la balise de traçage des conteneurs tombés à la mer est une invention signée de trois Costarmoricains. Elle en est au stade du prototype et devrait être prête à fonctionner dans quelques mois. Elle pourrait contribuer à sécuriser et assainir les transports maritimes internationaux.
En Allemagne et en Israël, des projets similaires sont à l'étude, mais pour l'heure les trois Costarmoriciens de Seatrackbox sont les seuls dans le monde à avoir déposé un brevet pour une balise permettant de tracer les conteneurs tombés à la mer.
"On a déposé notre brevet fin 2020, maintenant on est dans la phase de développement du prototype, logiquement il devrait être terminé fin juin et la balise commercialisable en septembre" raconte Thibaut Morin, le commercial de Seatrackbox.
A l'origine du projet, trois papas qui discutent devant l'école de leurs enfants. On est en 2014 et Christophe, patron d'un chantier naval, raconte à Thibaut et Alain qu'un porte-conteneur a perdu une partie de sa cargaison en mer et a dû avoir recours à un aéronef pour la localiser.
Seuls 12 des 520 conteneurs tombés à l'eau ont été retrouvés, un seul récupéré. Coût de l'opération : 200.000 euros. Les trois hommes s'étonnent qu'aucun système de traçage n'existe. Ils décident de l'inventer.
"L'inconvénient en mer, c'est qu'on ne peut communiquer que par satellite. La balise qu'on développe envoie un signal qui donne son positionnement à la fois aux CROSS, au client et aux bateaux qui sont sur la zone" explique Thibaut Morin.
Un enjeu majeur
Aujourd'hui le transport maritime représente 80% du commerce international. 250 millions de conteneurs sont en transit chaque jour dans le monde. On estime à 15.000 le nombre de conteneurs tombés à la mer chaque année.
"Soit ils dérivent en surface, soit ils restent à mi-eau, soit ils coulent. Ceux qui sont à mi-eau sont les plus dangereux, on ne les voit pas et les autres navires risquent de les percuter. Ceux qui coulent sont dangereux pour les pêcheurs parce que leurs engins de pêche peuvent se prendre dedans. Et dans tous les cas, cela génère de la pollution." poursuit Thibaut Morin.
Leur projet, lauréat des trophées innovation océan, a reçu le soutien du ministère de la Transition écologique en charge des affaires maritimes : "La direction des affaires maritimes travaille activement sur ces problématiques de pertes de conteneurs, tant au niveau national qu'international et souhaite proposer des évolutions de la règlementation afin de mieux prendre en compte ce type de pollution en milieu marin".
Un soutien qui devrait leur permettre de présenter ce système de traçage devant l'Organisation maritime internationale (OMI), l'institution spécialisée des Nations Unies chargée d’assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers par les navires.
Actuellement la règlementation internationale prévoit que l'armateur du porte-conteneur n'est responsable des conteneurs tombés à la mer que s'il s'en est aperçu et ne l'a pas déclaré.
La grande majorité des 15.000 conteneurs concernés chaque année sont déclarés volés, pour éviter les frais. L'évolution de cette réglementation est à l'étude et la commercialisation de la balise costarmoricaine pourrait y contribuer.