La démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins, Yannick Morez (DVD), victime d'un incendie criminel et sous pression de l'extrême-droite, suscite des réactions de solidarité d'élus. À Callac, où des manifestations d'extrême-droite et des menaces envers les élus ont eu raison du projet d'accueil de réfugiés, cette démission a un écho particulier. Les élus callacois que nous avons joints, réclament plus que jamais un accompagnement de l'Etat à la hauteur des violences subies.
L'annonce mercredi soir de la démission de Yannick Morez intervient après l'incendie de ses véhicules et de la façade de sa maison fin mars, en lien avec un projet de transfert, près d'une école, d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada) déjà présent à Saint-Brevin-Les-Pins.
Mercredi, le maire, qui met en cause le "manque de soutien de l'Etat", a non seulement annoncé sa démission après quinze ans de conseil municipal, mais également son déménagement de la ville où ce médecin généraliste de profession vit depuis 32 ans.
"On comprend la démission du maire"
Cette démission résonne tristement à Callac, où un projet d'accueil de réfugiés a été abandonné suite aux menaces de l’extrême droite. C'était en janvier dernier. Le projet, nommé Horizon visait à redynamiser cette commune du Centre-Bretagne, en accueillant sur plusieurs années des dizaines de réfugiés dans des bâtiments désaffectés de la commune.
"Ce matin, je me suis rendu en mairie, explique Patrick Morcet, adjoint au maire de Callac, on en a parlé bien sûr et on comprend la démission du maire de Saint-Brévin". L'élu de Callac dénonce l'inertie de l'Etat.
L'Etat n’a jamais réagi et ne nous a jamais protégés à Callac, comme à Saint-Brevin. Les représentants de l'Etat ne se rendent pas compte de la gravité de la situation, c'est déjà allé beaucoup trop loin
Patrick Morcet, adjoint au maire de Callac
Il ajoute que le soutien d'Emmanuel Macron au maire de Saint-Brevin arrive trop tard. Le président de la république a dénoncé aujourd'hui, via un message sur les réseaux sociaux des attaques "indignes" à l'encontre de l'élu.
À Callac, Patrick Morcet a été menacé, il a vu des individus pénétrer dans son jardin, a vu ses collègues menacés également, il l'a dit lors d'un reportage d'Envoyé spécial diffusé sur France 2, au printemps. "Ces histoires me rendent malades, dit-il ce soir. À Callac, on n'a jamais eu de soutien non plus. On a même dû réclamer des forces de l’ordre quand il y a eu des manifestations. Ça aurait pu tourner au drame".
"Le fascisme a gagné du terrain"
Nous avons aussi joint Laure-Line Inderbitzin, également adjointe à Callac. Elle se dit "terriblement triste depuis ce matin". Elle s'interroge également sur l'engagement de l'Etat et sur son renoncement face aux actes fascistes.
Elle va même plus loin. Pour elle, ce qui s'est passé à Saint-Brevin, l'incendie de la maison du maire, est la conséquence directe de l'abandon du projet Horizon à Callac. "Les opposants se sentent forts, ils ont gagné à Callac rebondit Patrick Morcet, le fascisme a gagné du terrain chez nous. C’est terrible."
Quant aux auteurs des menaces, notamment à Callac, Laure-Line Inderbitzin regrette que des dizaines de plaintes pour menaces de mort, de viol, diffamation, calomnies etc ... soient toujours classées sans suite.
On minimise volontairement les actes racistes. On relativise les menaces envers les élus locaux ... À force, certains préfèrent jeter l'éponge, désabusés et usés par les pressions
Laure-Line Inderbitzin, adjointe au maire de Callac
À Callac, selon Patrick Morcet, les opposants au projet Horizon sont toujours là. "Ils viennent là, à chaque conseil municipal. Ils sont deux de Callac et des copains des autres communes, ils sont là, comme pour nous narguer... "