Le maire de Callac, dans les Côtes-d'Armor, a annoncé, ce mercredi 11 janvier 2023, l'abandon d'un ambitieux mais contesté projet d'accueil de réfugiés qui devait permettre de donner un nouveau souffle à cette commune rurale.
"Personnellement, j'étais pour le projet mais ce n'était plus tenable. Le conseil municipal allait tomber. J'ai pris la décision de les entendre, de les écouter" explique Jean-Yves Rolland, le maire de Callac, qui annonce, ce 11 janvier 2023, l'abandon du projet d'accueil de migrants baptisé Horizon. "J'assume la décision d'arrêter. A un moment, il faut trancher" dit-il.
"C'était un projet humain"
Dans cette petite ville des Côtes-d'Armor de 2.2000 habitants, la municipalité et le fonds de dotation Merci souhaitaient accueillir des réfugiés et des demandeurs d'asile pour "dynamiser le territoire". Ce projet Horizon a fracturé la commune en deux camps : les pour et les contre. Et entraîné plusieurs manifestations.
Jean-Yves Rolland a décidé de jeter l'éponge. "C'est dommage qu'on en arrive là, indique l'édile. C'était un projet humain d'une très grande valeur, sans doute très important pour Callac dans l'avenir".
Le maire avait l'intention d'en informer ses administrés dans le prochain bulletin municipal mais l'information "a fuité" déplore-t-il. "L'équipe municipale, écrit l'élu dans le bulletin à paraître, décide de mettre fin à sa collaboration avec le Fonds de dotation Merci", un fonds privé avec lequel une convention avait été signée en avril dernier en vue de mener ce projet d'accueil.
Dans ce texte, Jean-Yves Rolland y qualifie l'année écoulée de "difficile" pour plusieurs raisons, notamment "à cause du projet Horizon qui a tant défrayé l'actualité à Callac depuis plusieurs mois. Malgré cela, Callac est et restera, une terre d'accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou pas" promet le maire.
Menaces de mort sur les élus
Depuis l'annonce du projet Horizon au printemps dernier, des élus ont été soumis à de multiples pressions, y compris des menaces de mort.
Deux manifestations, s'appuyant sur un petit groupe d'opposants locaux mais portées par l'extrême droite et notamment le parti Reconquête d'Eric Zemmour, s'étaient déroulées dans la commune. Elles avaient suscité à chaque fois des contre-manifestations de soutien au projet et de dénonciation de l'extrême droite.
Située à mi-chemin entre Guingamp et Carhaix, Callac, en partenariat avec le Fonds de dotation, devait accueillir sur plusieurs années quelques dizaines de personnes reconnues comme réfugiées par l'Etat et bénéficiant d'une autorisation de séjour de longue durée sur le territoire français.
Grâce à divers équipements prévus, Horizon devait bénéficier autant aux habitants qu'aux étrangers accueillis.
Quant aux personnes accueillies, plusieurs dizaines d'emplois à pourvoir avaient été recensés.
Le projet visait à redynamiser ce bourg rural du centre-Bretagne, qui a une longue tradition d'accueil de réfugiés depuis la guerre d'Espagne et a perdu plus de 1.000 habitants depuis les années 60.
(Avec AFP)