Financement des EHPAD. "Les 5 millions d'euros de l'ARS, c'est un pansement sur une jambe de bois."

La colère des maires bretons ne faiblit pas malgré les 5 millions d'euros d'aide d'urgence annoncés ce jeudi 20 juillet par l'ARS pour financer leurs EHPAD. Après leur menace de ne plus payer les factures, ils demandent à être reçus par Aurore Berger, la toute nouvelle ministre des Solidarités. Ils appellent à la mise en place par l'État d'un véritable plan "Grand âge".

"On dit que les EHPAD brûlent et l'ARS nous répond qu'elle travaille à une solution dans l'année. Mais d'ici-là, les EHPAD seront finis". Ce sont les propos très durs de Xavier Compian, maire PCF de Plouha dans les Côtes d'Armor.

Pour lui, l'aide d'urgence de cinq millions d'euros annoncée ce jeudi 20 juillet lors d'une réunion dans l'EHPAD de Plouha ne répond pas à la question posée. "Ces cinq millions vont servir à éponger les frais d'embauches pour l'été et serviront (nous dit l'ARS) à de la formation. Et encore, pour cette aide, nous ne serons pas forcément éligibles" ajoute son confrère, Guy Pennec, maire de Plourin-lès Morlaix et porte-parole des 23 maires finistériens qui ont décidé il y a quelques semaines d'entrer en résistance et de ne plus payer leurs factures d'énergie face à l'emballement des prix.

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Des maires qui mettent la pression pour les mois à venir. "S'il le faut, nous ferons ce que nous n'avons jamais fait. À savoir voter des budgets en déficit pour l'an prochain" précise Xavier Compain.

Des dépenses qui ne cessent de s'accroître

Pour eux, l'enveloppe de cinq millions d'euros est "un pansement sur une jambe de bois". Ils demandent un financement pérenne des EHPAD qui sont trop dépendants d'aléas comme l'augmentation des coûts de l'énergie, celle des denrées alimentaires ou des produits d'hygiène. Sans compter le SEGUR de la Santé qui a mené à une augmentation légitime des personnels, mais qui pèsent sur les finances des établissements.

Pour Guy Pennec, le maire de Plourin-lès Morlaix, il y a deux urgences. "L'urgence pour boucler le budget de la fin de l'année. Et l'urgence de créer un modèle de société qui permette aux anciens de vivre dignement." Et il ajoute "Je ne peux pas feindre d'ignorer une certaine forme de maltraitance dans les établissements à cause du manque de moyens, de l'épuisement des équipes, du manque de personnel..."

Les EHPAD, ça coûte et tout le monde devrait assumer

Guy Pennec

Maire de Plourin-lès-Morlaix (Finistère)

Des maires bretons entrés en résistance et qui ont tous une crainte : la privatisation totale de l'accompagnement des anciens. "Que veut l'État ? Veut-il le pourrissement du public pour laisser la place au privé ?" lâche froidement le maire de Plouha. "Si on veut privatiser l'accompagnement du grand âge, il faut le dire tout de suite" ajoute le maire de Plourin-lès-Morlaix.

Alors les élus ont décidé de frapper à toutes les portes. Celle du Sénat, mais aussi celle de la toute nouvelle ministre des Solidarités, Aurore Berger. "On n'a plus besoin de larmes de crocodiles. Il nous faut un plan grand âge à la hauteur des défis" affirme le maire de Plouha.

Rien n'est entendu pour une vision de long terme.

Xavier Compain

Maire de Plouha (Côtes d'Armor)

Pour eux, c'est une question de modèle de société. Et le maire de Plourin-Les-Morlaix nous livre avec beaucoup d'émotion une situation concrète. "Dans mon EHPAD, j'ai une résidente de 102 ans. Une ancienne résistance qui m'a dit : Nous, on s'est battus contre les Allemands et aujourd'hui on a droit à une douche tous les 15 jours à cause des restrictions et du manque de temps du personnel." Il ajoute "Cela ne peut pas vous laisser indifférents."

Des maires qui ont prévu de continuer leur résistance et même de l'élargir à d'autres maires, mais aussi au personnel et aux gestionnaires des EHPAD.

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