Affaire Fañch : un troisième bébé breton se voit refuser le ñ

Les parents d’un petit garçon ayant Fañch pour deuxième prénom, né le 15 avril à Pabu (Côtes d'Armor), n'ont pas eu le droit d’enregistrer le prénom de leur fils avec un tilde sur le ñ à l’état civil. C'est la 3ème affaire du genre.


Pour leur premier bébé, un petit garçon, ce couple guingampais souhaitait donner, en deuxième prénom, celui du grand-père paternel : Fañch. Né le 15 avril dernier à la maternité de Guingamp, le petit Awen Fañch a donc été déclaré à l'état civil de Pabu (Côtes-d'Armor), où se trouve le centre hospitalier.

Sur la déclaration de naissance, les parents avaient bien orthographié Fañch avec un "ñ" tilde. Mais sur l'acte de naissance officiel que leur a adressé la mairie de Pabu la semaine passée, plus de tilde.

 

Nous pourrons rectifier dès que la loi le permettra



"Ce n'est pas un refus de principe, explique la responsable du service de l'état civil de Pabu. Seulement, nous devons nous conformer à la loi et nous avions reçu l'instruction de la part du parquet de Saint-Brieuc de ne pas prendre d'enregistrement avec le ñ. J'en suis désolée pour les parents. Nous pourrons rectifier dès que la loi le permettra", promet-elle.

Mais pour les défenseurs de la langue bretonne, ce troisième refus est intolérable.
 

Bernard Le Roux, président du conseil culturel de Bretagne, n'hésite pas à parler d'"erreur linguistique".

 
De son côté, le militant guingampais de gauche, Gaël Roblin, réagit : "Après des mois de communication triomphaliste de la part des députés LREM et les promesses du gouvernement, de palabres au Sénat... force est de constater qu’aucun dossier relatif à la politique linguistique n’a avancé de façon pérenne et satisfaisante", écrit-il en se référant notamment à l'annonce faite, en février dernier, par Richard Ferrand (LREM), selon laquelle un décret concernant l'usage de signes diacritiques à l'état civil, dont le tilde (~) utilisé dans la langue bretonne, était "en cours de finalisation". 
 

Même son de cloche du côté de l'association Skoazell Vreizh, qui apporte un soutien aux militants bretons.
"La circulaire qui devait être rédigée très rapidement ainsi que l'avait promis le président de l'Assemblée nationale l'hiver dernier, ne l'a toujours pas été", regrette Charlie Grall.

"Dans cette nouvelle affaire Fañch, nous avons pris contact avec Richard Ferrand pour essayer de savoir à quel stade en est le décret... sans réponse pour l'heure."

En attendant que la législation intègre l'usage du ñ, le militant suggère que la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, donne la consigne aux procureurs français de "laisser couler... en autorisant le tilde de façon anticipée."

Selon Skoazell Vreizh, les parents du petit Awen Fañch se disent prêts à saisir la justice si nécessaire.
 

Je ferai tout ce qui est possible pour que ce petit garçon puisse porter un tilde sur son second prénom, quitte à être dans l'illégalité. Ce n'est pas un tremblement de terre, c'est juste un caractère qui appartient à notre culture et à notre patrimoine. Pierre Salliou, maire de Pabu


Mais ce vendredi 1er mai, le maire de Pabu, lui-même, Pierre Salliou les a contactés. C'est par la presse qu'il a découvert cette polémique, n'ayant pas été alerté par l'employée chargée de l'état civil. "La personne m'a expliqué qu'elle n'avait pas admis ce tilde, car cela ne passe pas au niveau des enregistrements informatiques sur le site de l'Insee."

A titre personnel, l'édile comprend la demande des parents et a tenu à leur faire savoir. "Je ferai tout ce qui est possible pour que ce petit garçon puisse porter un tilde sur son second prénom, quitte à être dans l'illégalité. Ce n'est pas un tremblement de terre, c'est juste un caractère qui appartient à notre culture et à notre patrimoine.

Une prise de position qui devrait apaiser les parents d'Awen... comme les défenseurs de la langue bretonne.

 
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