Au petit matin ce mardi 10 juin, les pelleteuses et les forces de l'ordre sont intervenues pour détruire le barrage du moulin du Pont-neuf, sur les communes de Trégrom et du Vieux-marché dans les Côtés d'Armor. L'épilogue d'un long combat judiciaire qui oppose le propriétaire, aujourd'hui sous le choc, l'Etat et l'association Eau et Rivières de Bretagne.
"C'est toute l'Histoire de la Bretagne et son patrimoine qu'ils ont détruit." Ce matin entre 6h30 et 7h, des pelleteuses accompagnées "de gendarmes armés" sont entrées sur la propriété de Guillaume Scolan dans le but de supprimer le barrage du moulin du Pont-Neuf sur les communes de Trégrom et du Vieux-Marché (Côtes-d'Armor). Depuis, le propriétaire ne décolère pas : "Je suis sous le choc."
Suite à un long combat judiciaire, il était demandé à la famille Scolan de démonter les vannes et de démolir la retenue d’eau sur le Léguer. Les nombreux recours devant la justice du propriétaire n'ont pas abouti.
"Une catastrophe environnementale et patrimoniale"
"C'était le dernier moulin complet de ses machines en Bretagne, développe Guillaume Scolan. C'était un ouvrage de près de 250 ans. Ils ont orchestré une catastrophe environnementale et patrimoniale." Après le passage des engins de chantier, il ne reste plus qu'un amas de pierres le long de la rivière.
Visites du moulin et journées du patrimoine
"Je me bats depuis 20 ans pour le patrimoine, je participe aux journées du patrimoine, je fais visiter le moulin aux enfants", continue Guillaume Scolan. Rien n'y fait. Pour "une continuité écologique", la loi du 22 août 2021 contre le dérèglement climatique, impose la destruction d'une partie de l'ouvrage.
"Le seuil de ce moulin constitue un obstacle majeur pour la circulation des poissons, en particulier des différentes espèces de poissons migrateurs présentes sur le Léguer", avait expliqué la cour administrative d'appel de Nantes dans un arrêt du 5 novembre 2021. Si certains édifices y échappent au nom de la préservation du patrimoine, le moulin du Pont-Neuf "ne bénéficie d'aucun droit fondé en titre sur la prise d'eau qui lui est attachée", avait tranché le tribunal.
200 ans d'activité
Lorsqu'il rachète le moulin à sa famille en 2011, les autorités avancent que le moulin n'a pas les autorisations nécessaires. "Le moulin a été autorisé, mesuré, taxé par les agents de la police de l'eau," s'insurge Guillaume Scolan. Il évoque également les taxes sur la hauteur de chute payées depuis 1954 et celles sur l'activité de meunier payées de 1791 à 1987 lors de la cessation d'activité.
L'activité de meunier de deux siècles et l'histoire du moulin n'y changeront rien pour le plus grand désarroi de la famille Scolan. "Il ne me reste plus qu'une maison au bord de l'eau", se désole Guillaume Scolan. Aujourd'hui, il réclame qu'on lui restitue ce qui a été détruit. Il dénonce aussi "le vol" d'une partie des pierres de taille présentes sur place.