Dans les Côtes-d'Armor, le sillon de Talbert est-il menacé et avec lui, le littoral de la commune de Pleubian ? C’est la question que se sont posés les élus, inquiets depuis qu'une brèche s’est ouverte en mars 2018. Les premières conclusions ont été présentées aux habitants.
Depuis une tempête en mars 2018, elle a métamorphosé le sillon de Talbert, flèche littorale de 3 km sur la commune de Pleubian. La brèche, qui mesure jusqu’à 80 mètres de large lors des fortes marées, coupe en deux ce site exceptionnel.
Une étude a été engagée pour déterminer l’incidence du phénomène sur les habitations à proximité. Les premières conclusions présentées mardi 22 novembre étonnent Pierre Stéphan.
"La brèche qui s’est ouverte atténue le risque d’érosion et de submersion dans les secteurs situés à l’abri du sillon de Talbert", explique ce chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Brest qui a participé à l'étude. "Ce qu'elle montre aussi, c’est que si le site devait s’éroder davantage, si la brèche devait s’élargir, ce risque serait à nouveau amoindri."
Des élus soulagés...
Un résultat "totalement contre-intuitif" et qui s’expliquerait selon Pierre Stéphan, par le phénomène de marée. Ces marées, plus hautes dans le côté protégé par le sillon, entraînent une vidange par la brèche.
Très inquiet pour les risques de submersion marines des 200 habitations et pour la centaine d’emplois des entreprises à proximité du sillon, le maire de Pleubian est soulagé.
"On s’attendait à ce que cette étude soit plutôt négative et nous pose de sérieux problèmes de protection du trait de côte. Il s’avère qu’elle nous rassure complètement à l’heure actuelle", sourit Loïc Mahé.
"Ce qui n’empêche qu’à l’avenir il faudra aussi continuer de suivre les évolutions de cette brèche et les conséquences que celle-ci cause sur la presqu’île", ajoute le maire.
... et des riverains peu perturbés
Installés face au sillon depuis 2011, Noëlle et Jackie n’avaient pas besoin d’être rassurés mais ils restent sceptiques.
"Soi-disant ce sont des bons résultats, soi-disant on va être protégé. Mais je n’y crois pas vraiment dans la mesure où le courant annoncé ne luttera jamais contre l’intensité des vagues lors des grandes marées et des tempêtes", argumente ce riverain.
Un peu plus loin, Muriel Druez est aussi aux premières loges. Elle a assisté à l’apparition de la brèche mais ne se dit "ni inquiète, ni rassurée" par l'étude du phénomène.
"Je n’ai pas constaté un niveau d’eau plus important depuis la brèche. Elle est là, mais même en grande marée, elle ne monte pas plus haut", avance-t-elle s'appuyant sur "des repères" sur le bitume près de chez elle.
Au-delà des effets de cette brèche, une autre hypothèse se profile ; la montée des eaux estimée à 60 cm d’ici 2100, entraînant la submersion du sillon et le recul du trait de côte.