La chanteuse venue de Caroline du Nord, aux ancêtres celtes et africains, Rhiannon Giddens, et l'Orchestre Symphonique de Bretagne (OSB) joueront ensemble cette semaine en Bretagne pour quatre concerts à Guingamp, Lorient et Rennes.
Rhiannon Giddens, dont le prénom signifie "grande reine" dans la mythologie celtique est connue en France à travers les albums et concerts du groupe acoustique Carolina Chocolates Drops qui a décroché un Grammy Award en 2010. La chanteuse, qui a co-fondé le groupe en 2005, a remis au goût du jour la "old-time music". Elle proposera cette semaine quatre concerts dans la région, en collaboration avec l'Orchestre symphonique de Bretagne : le mardi 19 décembre à Guingamp, le 20 décembre à Lorient, les 21 et 22 décembre à Rennes.
Des concerts en Bretagne, avec l'OSB
Chanteuse à la voix d'une grande clarté et d'une belle intensité, Rhiannon Giddens interprétera lors de ces concerts bretons un répertoire original, sur des arrangements de Grant Llewellyn. Ce Gallois, chef de l'OSB depuis 2015, a déjà travaillé avec Rhiannon Giddens lorsqu'il dirigeait l'Orchestre symphonique de Caroline du Nord et que Rhiannon Giddens se destinait alors à une carrière de chanteuse lyrique.
Les chansons de ses deux premiers disques seront à l'honneur. La chanteuse interprétera aussi quelques ballades traditionnelles celtiques dont une en langue gaélique, qu'elle maîtrise, et des pièces de deux compositeurs américains anciens : William Grant Still, considéré comme le Gershwin noir, et James Reese Europe, qui introduisit le jazz en France à la fin de la Première Guerre mondiale avec son big-band de ragtime, les Harlem Hellfighters.
Après Rhiannon Giddens, l'OSB, poursuivant son travail d'ouverture, sera cette fois-ci l'invité de Goran Bregovic pour une création du compositeur serbe, "Trois Lettres de Sarajevo", le 30 juin 2018 dans le cadre du Festival de Fès des Musiques sacrées du monde, au Maroc.
Old time music
Littéralement "musique du bon vieux temps", c'est l'une des plus anciennes formes d'expression musicale des Etats-Unis. Elle perdure dans certaines régions, dont le Piedmont, entre côte Atlantique et chaîne des Appalaches, où Rhiannon Giddens est née et a grandi. "Je suis issue d'une famille rurale et pauvre. La première partie de ma vie, je l'ai passée avec mes grands-parents maternels à la campagne. Et vers l'âge de huit, neuf ans, j'ai rejoint ma mère et mes soeurs à la ville", a raconté Rhiannon Giddens, de passage à Paris.
"J'ai été bercée par le bluegrass, la country, et d'autres musiques comme du jazz, du blues... Mais celle que je joue est spécifique du Piedmont", poursuit la chanteuse, également joueuse de fiddle (violon) et de banjo. Ma première professeure a été un joueur de fiddle noir âgé de 86 ans", confie-t-elle. "La old-time music est la base de ma musique", affirme la chanteuse qui prend un ton parfois contestataire lorsqu'elle reprend sur son dernier disque "Freedom Highway", un hymne gospel des Staples Singers. "Le jazz, le blues, la country, en sont issus", précise la chanteuse de 40 ans qui a choisi depuis l'élection de Donald Trump d'aller vivre à Limerick en Irlande, le pays de son mari.
Rhiannon Giddens revendique le caractère hybride et multi-racial de cette musique, étiquetée folk mais beaucoup plus métissée qu'on ne le pense. Ses instruments de base sont d'origine ouest-africaine - le banjo - et européenne - le fiddle - "C'est une musicienne protéiforme, c'est cet héritage celto-afro-américain qui nous intéressait", a expliqué Marc Feldman administrateur général de l'orchestre symphonique de Bretagne (OSB) qui a déjà invité ces dernières années le clarinettiste klezmer David Krakaueur, le trompettiste Ibrahim Maalouf, le guitariste Dan Ar Braz ou le Celte espagnol Carlos Nunez, joueur de gaïta.