Jugé devant la cour d'assises du Loiret pour des faits de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs, Olivier de Scitivaux, un ancien prêtre ayant exercé en Bretagne, a reconnu ce vendredi 24 mai "l'ensemble des faits" qui lui sont reprochés.
"J'étais un prédateur, j'étais un monstre", déclare sobrement l'accusé, Olivier de Scitivaux de Greische, 64 ans, qui comparaît libre devant la cour à Orléans depuis mardi.
Ordonné prêtre en 1989 avant d'être relevé de ses fonctions et renvoyé à l'état laïc à sa demande, l'homme est accusé de "viols et attouchements sexuels" commis, dans les années 1990 et 2000, sur quatre plaignants qui avaient entre 7 et 9 ans à l'époque et sur lesquels il avait "autorité".
Les faits se sont produits dans différents domiciles de la région orléanaise, au presbytère de la paroisse Saint-Paterne d'Orléans, dans un château, en colonie de vacances chaque été à Perros-Guirec (Côtes-d'Armor) ou à Abondance (Haute-Savoie), l'hiver.
Une attitude "bestiale" envers une des victimes
Devant une salle d'audience bondée, dans laquelle de nombreux responsables de l'Eglise catholique et paroissiens prennent place depuis mardi, les trois frères et un ami ont raconté à tour de rôle, avec minutie et pudeur, les sévices qu'ils recevaient chacun leur tour, sans savoir que les autres étaient également victimes.
"Quand il n'y en avait pas un de disponible, il y avait le deuxième ou le troisième", dit l'accusé désignant ainsi les trois frères, des quadragénaires aujourd'hui unis sur le banc des victimes.
A la barre mercredi, le benjamin a raconté ces quelques mois où il "y pass(ait) toutes les semaines, tous les jours, tous les soirs". "Le pire est le moment où il a utilisé des outils sur mon corps", ou lorsqu'"il m'a rasé, faisant de moi un objet", a-t-il encore détaillé, devant une cour interdite.
"Je reconnais, puisqu'il faut utiliser les mots, les attouchements, les caresses, les fellations, les pénétrations digitales et péniennes, l'ensemble des faits", dit Olivier de Scitivaux de Greische devant ses victimes et leurs proches, certains éplorés.
L'ancien religieux qualifie de "bestiale" la relation sexuelle qu'il a infligée au benjamin de la fratrie.
"Je reconnais tout sans réserve", ajoute-t-il, expliquant qu'à l'époque de son premier passage à l'acte - en 1982, pour des faits qu'il a reconnus mais qui sont prescrits -, "je n'ose pas m'avouer mon attirance pour les hommes et encore moins pour les petits garçons".
Un penchant "fétichiste"
L'accusé a évoqué son penchant "fétichiste" qui l'a poussé à imposer des photographies nues à l'un des garçons, raser les poils pubiens d'un autre, devenu adolescent.
"Les photos, c'était pour lui montrer qu'il est ma chose, que je peux faire ce que je veux de lui", explique-t-il calmement.
Les faits se sont produits jusqu'au début des années 2000. Pourtant, les premières alertes sont émises par des animateurs et familles auprès du diocèse dès les années 80, dans des courriers de famille ou par des animatrices de l'aumônerie en 1998. En vain, jusqu'au signalement à la justice de Mgr Jacques Blaquart, en 2018.
Le procès devait initialement s'achever vendredi, mais le verdict est finalement attendu samedi.
L'Église catholique est depuis des années secouée par des scandales de pédocriminalité dans le monde entier, et régulièrement accusée de fermer les yeux sur eux et d'ignorer les victimes.
En France, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase) présidée par Jean-Marc Sauvé estimait, dans un rapport rendu en octobre 2021, que depuis 70 ans, environ 330.000 personnes avaient été agressées au sein de l'Eglise lorsqu'elles étaient mineures.