La "forêt à croquer", un modèle agricole d'avenir pour ce trentenaire qui veut créer une forêt extraordinaire en Bretagne

Engagé dans la préservation de l'environnement, l'agriculteur Mathieu Plot est à l'origine d'un projet de forêt comestible au sud de Dinan dans les Côtes-d'Armor. Il compte mettre à profit la végétation et les arbres déjà existants pour produire des fruits et plantes comestibles dans un écosystème harmonieux et écologique.

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Imaginez une forêt de chêne et noisetiers où pousseraient des champignons comestibles et, quelques centaines de mètres plus loin, des framboisiers, des cassissiers, des fraisiers qui donneraient des fruits, au pied d'un poirier.

La vision de cette forêt autonome comestible, où chaque plante et arbre nourricier cohabiteraient naturellement, paraît idyllique. Mais c'est pourtant le projet porté par Mathieu Plot, dans la commune de Les Champs-Géraux au sud-est de Dinan (Côtes-d'Armor).

"Je suis persuadé qu'un autre système de production agricole est possible. Où la place de l'arbre et l'écosystème de la forêt auraient toute leur importance pour produire des plantes comestibles, de manière respectueuse de l'environnement" explique le jeune agriculteur de 31 ans, à l'initiative de cette "Forêt à croquer" dans le nord de la Bretagne.

"Une opportunité en or"

Déjà fortement impliqué dans l'écologie, avec la création de l'association Hebdo Ecolo (qui lutte pour la protection de l'environnement) et un brevet de professionnel responsable d’entreprise agricole en maraîcher bio en poche, Mathieu Plot n'a pas hésité à se lancer dans ce nouveau défi d'une agriculture d'avenir, dès que l'opportunité s'est présentée.

"Je cherchais du foncier depuis quelques années en Pays de la Loire, au sud de Rennes. Quand un ami m'a parlé d'une forêt à vendre près de Dinan, je me suis dit que c'était une opportunité en or pour ce projet. J'étais le seul agriculteur intéressé et je l'ai eu" fait remarquer le trentenaire engagé, "très heureux" d'avoir sous la main 5 hectares de forêt à cultiver à sa manière dans les années à venir.

Entouré de spécialistes agricoles, de forestiers, de botanistes et de chercheurs agronomes, Mathieu Plot compte développer les parcelles à disposition en fonction de leurs caractéristiques. "Par exemple, on a une zone qui a été grandement déforestée en 2015. On mettra ici des arbres fruitiers qui profiteront d'une exposition plein sud et d'un bon ensoleillement. Tandis que sur une autre parcelle, où il y a déjà des grands arbres, on pourra avoir des champignons comestibles. 5 000m2 d'agro forêt accueilleront des essences purement forestières comme du théier ou du pacanier (noix de pécan)".

Des exemples de réussite inspirants

L'agriculteur se veut optimiste. D'autant plus que des cas similaires ont déjà porté leurs fruits ailleurs. Les exemples sont rares, mais porteur de grand espoir.

Dans le Devon, au sud de l'Angleterre, Martin Crawford avait créé au début des années 1990 sa propre forêt nourricière, qui fait aujourd'hui office de référence dans le domaine.

"Fabrice Desjours, passionné de botanique, a aussi fait naître un jardin forêt en Saône-et-Loire. J'étais déjà sensible à la biodiversité, à la permaculture. Mais des projets comme ceux-là m'ont beaucoup inspiré" affirme Mathieu Plot, qui a glané de précieux conseils auprès de Fabrice Desjours pour le présent et le futur.

Le projet de "forêt à croquer bretonne" est sur le bon rail mais n'est pas encore totalement lancé. 150 000 euros sont nécessaires pour le foncier, le matériel d'outillage, les équipements techniques et les plantations.

En plus d'un apport personnel et du soutien de plusieurs institutions dont Dinan Agglomération, Mathieu Plot a lancé une campagne de financement participatif active jusqu'au 11 novembre. Près de 35 000 euros ont été récoltés sur les 40 000 demandés.

"Je suis très content de l'intérêt que les gens portent à ce projet. C'est un signal fort envoyé par la société en faveur de l'exploration d'une nouvelle forme d'agriculture. Il y a des attentes fortes donc ça met la pression, mais c'est surtout très encourageant" explique le jeune porteur du projet qui compte sur la réussite de ce financement participatif pour appuyer ensuite des demandes d'aides publiques.

Des récoltes fruitières en 2027

L'objectif est de commencer la plantation de certaines espèces d'ici la fin d'année 2025. "Un producteur de thé va venir ce vendredi 8 novembre sur place pour voir les terres et définir avec nous ce qu'il est possible de faire et dans quels délais".

Les premières récoltes de farine de chêne, de gingembre ou de champignons pourraient être envisagées pour 2025.

Pour les arbres fruitiers, il faudra patienter jusqu'en 2027 pour la première récolte. La pépinière est en cours

Mathieu Plot

porteur du projet "Forêt à croquer" en Bretagne

La forêt comestible pourra être visitée. Mais le grand public ne pourra pas y cueillir directement les fruits et plantes comestibles. Ces derniers seront vendus directement sur les marchés et auprès de restaurateurs. Voire, potentiellement en 2028, dans un magasin au sein de la forêt.

"À travers ce projet, l'idée, c'est surtout de faire de la pédagogie sur cette forêt comestible. Montrez qu'un écosystème dominé par les arbres, conçu pour imiter la forêt naturelle, peut produire une grande variété d'aliments pour nous nourrir, indique l'agriculteur passionné. Tout en faisant découvrir des espèces méconnues comme le feijoa (goyavier du Brésil) et plusieurs autres plantes ou fruits originaux".

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