Voilà 15 ans que Fabrice Desjours, un ancien infirmier, transforme une simple parcelle agricole à Diconne (Saône-et-Loire) en "jardin-forêt" de plus de deux hectares. Le documentaire "La forêt gourmande", diffusé sur France 3, relate la genèse de ce projet exceptionnel.
C'est un petit écrin de verdure qui, de loin, ressemble à beaucoup d'autres. Il suffit pourtant d'y pénétrer pour découvrir toutes sortes d'essences extravagantes, bien loin des plantes qu'on trouverait d'ordinaire dans les forêts bourguignonnes... et qui sont toutes comestibles.
Ce "jardin-forêt" est l'aboutissement d'un long processus, lancé 15 ans plus tôt par Fabrice Desjours. Ancien infirmier, passionné de botanique, il se lance dans ce projet après plusieurs voyages à travers le monde, au cours desquels il découvre de nombreuses forêts centenaires. Dans l'une d'elles, en Indonésie, il rencontre des fermiers qui cultivent non pas des champs, mais la forêt elle-même.
Une production issue des quatre coins du globe
Un concept autrefois pratiqué en France, puis tombé en désuétude lors de la Révolution industrielle. L'explorateur, lui, croit fermement en la possibilité d'un autre modèle agricole. Inspiré par ses voyages, il revient en Saône-et-Loire, sur ces terres où son grand-père a vécu. Il s'installe à Diconne, un petit village à quelques kilomètres de Chalon-sur-Saône, et décide de transformer une pâture de quelques hectares en forêt nourricière.
De ses voyages à l'étranger, Fabrice Desjours a rapporté des milliers de graines exotiques. Il en plante certaines, en se disant qu'elles résisteront au changement climatique. Mais les débuts de son "jardin-forêt" sont durs : il s'inspire de la forêt environnante et plante des bouleaux, des chênes, des saules... qui serviront à protéger les jeunes boutures tout en fertilisant la terre.
Au fil des ans, la magie opère. Dans la forêt qui grandit peu à peu, on trouve des fruits de toutes sortes, des baies, des noix, des graines, des feuillages comestibles et même des herbes médicinales. "Ce jardin-forêt se compose donc, en plus de fruitiers traditionnels, de spécimens comestibles de la flore témpérée d'Asie ou d'Amérique voire de Patagonie", détaille l'association "Forêt gourmande".
Lutter contre le dérèglement climatique
Plus qu'un simple lieu de production alimentaire, le "jardin-forêt" devient réellement un moyen de lutter contre le dérèglement climatique. À la fois lieu de recherche et d'expérimentation, il favorise également le retour de la biodiversité et la décontamination des sols pollués.
Des propriétés qui permettent à la forêt comestible de s'exporter, petit à petit, au-delà des frontières bourguignonnes. À la demande de scientifiques, Fabrice Desjours a ainsi contribué revégétaliser le site du haut fournau U4 d'Uckange (Moselle), tandis que la commune des Ulis (Essonne) a fait appel à lui pour créer une forêt comestible dans l'un de ses parcs.
"La forêt gourmande", un film réalisé par Valérie Manns et produit par Yami 2, avec la participation de France Télévisions et Ushuaïa TV. À voir en replay sur france.tv