Depuis le début de l'année, les guillemots s'échouent de manière anormale sur le littoral. C'est le constat de la Ligue de protection des oiseaux qui, dans sa station de l'Île-Grande, dans les Côtes-d'Armor, recueillent les animaux affaiblis. Certains survivent quand d'autres, trop épuisés, viennent mourir sur les plages.
Les tempêtes et autres coups de vents à répétition en Bretagne ne font pas l'affaire des oiseaux marins. Dans le centre de soins de la LPO (Ligue de protection des oiseaux) de l'Île-Grande, près de Pleumeur-Bodou, 76 guillemots ont ainsi été pris en charge ces dernières semaines, présentant des signes d'hypothermie et une maigreur inquiétante.
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Ils puisent dans leurs réserves de graisse
Ces vents violents "empêchent les oiseaux marins de s'alimenter, explique Romain Morinière, directeur de la station LPO de l'Île-Grande. On a une espèce d'effet de machine à laver gigantesque qui fait que les animaux ne peuvent pas pêcher".
Conséquence : ils puisent dans leurs réserves de graisse et s'affaiblissent. "On peut ainsi avoir une libération de toxines accumulées, souligne encore le spécialiste de la faune sauvage. Ces oiseaux consomment des poissons, sont en bout de chaîne alimentaire et concentrent certains métaux lourds, certaines substances toxiques qui se libèrent dès lors qu'ils vont chercher trop loin dans leurs ressources".
Raréfaction de la nourriture
Les tempêtes ne sont pas la seule cause de ces échouages massifs. Selon l'ONG Sea Sheperd, la raréfaction de la nourriture est "l'hypothèse la plus plausible à l'heure actuelle" indique-t-elle dans un communiqué, ce 26 février 2024, pointant la surpêche et le changement climatique.
Les oiseaux ont perdu plus de 25 % de leur poids et sont en hypothermie avec une température de 3 degrés de moins que leur température normale
Sea Sheperd
Dans son centre de soins du Morbihan, Sea Sheperd dit avoir reçu "une trentaine de guillemots ces dernières semaines. Tous ont perdu plus de 25 % de leur poids et sont en hypothermie avec une température de 3 degrés de moins que leur température normale" détaille l'ONG, laquelle précise que sur les 28 guillemots qu'elle a recueillis, "6 ont été soignés et relâchés, 1 est arrivé mort, 6 sont morts, 4 ont dû être euthanasiés car en état de souffrance et en incapacité irréversible de repartir en mer. 11 autres sont encore au centre dont 7 seront relâchés mardi prochain".
172 échouages en février
Mal en point, quand ils ne meurent pas, les oiseaux marins sont ainsi soignés à l'Île-Grande dans les Côtes-d'Armor. Ce sont surtout les Guillemots de Troïl qui, depuis le début de l'année, s'échouent sur les plages bretonnes, affaiblis ou morts. La LPO en a ainsi observé un nombre important, "250 dont 172" rien qu'au mois de février sur la façade ouest du littoral.
Selon la LPO, la grippe aviaire "ne semble pas être impliquée". Des analyses sont toutefois en cours et les oiseaux marins recueillis sont placés dans des zones de quarantaine pour éviter toute contamination.
En 2014, plus de 40.000 oiseaux marins s'étaient échoués sur les côtes françaises durant l'hiver.
(Avec Fabrice Leroy)