La station LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) de l'Ile Grande dans les Côtes d'Armor veut faire passer un message. Il est normal de trouver de jeunes goélands au sol. Sauf s'ils sont en détresse, il ne faut pas les ramasser. Trop de personnes en ramènent au centre. D'où un problème de places.
À peine contacté, Romain Morinière, précise d'emblée.
Les goélands juvéniles trouvés au sol ne sont pas des animaux en détresse. Il ne faut pas les prendre sauf s'il y a danger.
Le directeur de la station LPO de l'Ile Grande à Pleumeur-Bodou, reconnaît que même si l'intention des gens est louable au premier abord, le fait de ramasser un goéland juvénile au sol n'est pas une bonne idée et le fait de le ramener sans appeler au préalable un centre de soins de la faune encore moins.
"Les parents surveillent et s'occupent des petits"
Romain Morinière explique que les poussins goélands quittent le nid à l'âge de quelques jours. Ils vadrouillent au sol dans les environs du nid 5 à 6 semaines, le temps d'être indépendant et de prendre leur envol. Or, durant cette phase "d'émancipation", les parents continuent de s'occuper de leurs progénitures. Ils les alimentent et les protègent même s'ils ne sont pas toujours à côté d'eux.
"A cette saison, alors que nous sommes en plein dans la période de reproduction, il est donc normal que l'on en trouve au sol" explique le spécialiste. De plus, pour les goélands nichant en ville, les jeunes tombent souvent des nids bâtis sur les toits et se retrouvent dans les jardins, sur les terrasses, sur les trottoirs et dans les rues. Face à une petite boule de poils qui piaille car elle appelle ses parents et qu'elle a faim, nombreux sont ceux qui craquent et ramassent le juvénile croyant bien faire. C'est naturellement le bon geste si l'oisillon se trouve sur une route ou dans un endroit dangereux ou s'il est blessé.
"Heureusement, d'une certaine manière, qu'avec le Covid et les restrictions d'accès au centre, les gens ont appris à nous appeler avant de venir nous amener des oiseaux. Dans le cadre de jeunes goélands ramassés, on leur dit donc de remettre les oiseaux rapidement là où ils les ont trouvés si ils ne sont pas blessés. On limite ainsi le nombre de poussins qui arrivent chez nous. Mais, certaines personnes viennent directement au centre et là, on se doit de récupérer l'oiseau" précise Romain Morinière. "Car, ajoute le professionnel, si le poussin disparait du secteur du nid, ses parents vont le chercher quelques heures mais rarement plus longtemps. Ils passent vite à autre chose."
Le centre de soins plein
Or, cet aflux de goélands juvéniles pose problème, car ils prennent de la place au centre de soins et dans les volières. "Une fois qu'ils sont au centre, ils faut les nourrir et s'occuper d'eux jusqu'à ce qu'ils soient dépendant et qu'ils volent, soit plusieurs semaines. C'est donc de la place prise et du boulot pour les membres de la LPO alors que les petits auraient pu s'en sortir avec leurs parents. Actuellement, cela représente une vingtaine de poussins au centre de soins et une quarantaine dans une volière. Nous sommes contraints d’arrêter les accueils d’animaux en détresse, faute de places disponibles au centre de soins " explique Romain Morinière.
Que faire si vous trouvez un jeune goéland au sol :
Si vous vous retrouvez face à un poussin goéland au sol, voici les conseils de la LPO.
- Vérifiez tout d'abord qu’il ne soit pas blessé (traces de sang, mauvais maintien d'une/des aile(s) ou patte(s)...). Si c'est le cas, contactez le centre de soins à la faune sauvage le plus proche (pour la Station LPO : 02-96-91-91-40).
- Si le jeune n’est pas blessé, ni menacé (par une route très passante par exemple), il faut le laisser sur place. Ses parents le nourrissent et le surveillent. Très protecteurs, ils interviendront si un danger (chat ou chien) menace l’oisillon.
- Si le jeune se trouve dans un lieu dangereux, vous pouvez le déplacer dans un endroit plus abrité, dans un rayon maximum de 30-40 m autour du lieu où vous l'avez trouvé. Attention : les parents goélands sont très protecteurs et il n’est pas rare qu’ils fassent des piqués sur les personnes qui approchent de trop près leur progéniture ! Ces démonstrations de force ne sont souvent que de l’esbroufe, mais peuvent parfois donner lieu à un coup de bec sur la tête. Si le couple auquel vous avez à faire fait partie de ces goélands opiniâtres, un parapluie vous protégera durant votre intervention (même conseil si vous avez des poussins dans votre jardin !).
Tous les goélands sont des espèces protégées, dont la destruction (des nids, oeufs, poussins ou adultes) et la détention sont interdites, rappelle la LPO.