Très répandues en montagne, des balades avec les ânes sont proposées par quelques professionnels en Bretagne.. C'est l'occasion de faire connaissance avec l'animal et de marcher à un autre rythme en pleine nature. L'activité est saisonnière et permet aux propriétaires de faire partager leur passion.
Florence et Philippe Bens vivent au milieu d'une petite colonie de onze ânes. Charlie, Hugolin, Nougat, gogo et les autres. Onze mâles de différentes races : Beaudet du Poitou, âne normand, du Cotentin, de Provence ou de Sardaigne. Une belle représentation de ces animaux qui tiennent une place particulière dans l'imaginaire collectif. On les dit curieux, gourmands, têtus, mais surtout intelligents et plus qu'attachants. Tout sauf bête !
C'est pour faire partager sa passion que le couple a développé une activité de randonnées avec les ânes en marge d'une ferme pédagogique. "La combe aux ânes" est installée en pleine nature à Lanvellec, dans les Côtes-d'Armor. C'est le lieu de départ des itinéraires proposés pour cheminer aux côtés de nos amis à grandes oreilles.
Si l'on n’est pas ferme, c'est l'âne qui décide
La balade a séduit Sylvain et Caroline. Pour leur première fois, ils restent raisonnables. Le périple durera une demi-journée avec des traversées de campagne, de sous-bois et une arrivée à la mer, sur la plage de Saint-Michel-en-grève. "Évidemment, on a pensé au film 'Antoinette dans les Cévennes'. Alors, on s'est dit, 'on va essayer'."
Après quelques consignes d'usage pour tenir les longes et un brossage pour prendre contact avec Charlie, le trio se met en route. Le chemin est bien balisé, parfois étroit et là, tout le monde est à la file indienne. Pas toujours facile. "il fait environ 250 kilos, alors quand il a décidé de s'arrêter, ce n'est pas facile". C'est toute la difficulté, l'animal est gourmand et ne résiste pas à un brin d'herbe ou un pissenlit.
Mener un âne, ce n'est pas une mince affaire.
Florence Bens,La combe aux ânes
En ne croisant personne, le long de petits chemins, avant d'arriver à la mer, le parcours a séduit les deux touristes. "Ça permet de prendre le temps, c'est très agréable" conclut Caroline, qui a également apprécié les explications de Florence, la propriétaire des lieux.
"On compte trois ans avant de laisser un âne partir en randonnée. Il faut d'abord qu'il accepte le contact humain à ses côtés, se familiariser avec la longe et puis au matériel, précise Florence "Un cheval ça se dresse, un âne ça s'éduque. Il a besoin de confiance. On teste les parcours avec lui pour qu'il n'ait pas peur et ne pose pas de souci durant la promenade.
L'âne est gentil, mais il est très intelligent. Dès le début, il vous teste. Alors, il faut être ferme, "sinon il fait ce qu'il veut et il s'arrêtera régulièrement pour brouter."
Julie et Nordin, des touristes de région parisienne, l'ont vite constaté. La sortie a duré plus longtemps que prévu, en compagnie de deux compagnons à quatre pattes. "Je me suis bien moqué de mon mari, il s'est fait mener par le bout du nez, c'est l'âne qui commandait, on ne peut pas le faire bouger s'il ne veut pas !" "C'est sportif mine de rien, il faut tirer sur la longe parfois, rajoute Nordin, mais c'est très agréable, tout le monde peut le faire".
Il faut accepter la temporalité de l'animal, aller à son rythme.
Julieune vacancière
Le couple est prêt à recommencer. Leurs trois enfants étaient de la partie. Henri, Isaac et Camélia, âgés de trois, cinq et sept ans. Les plus grands ont cheminé au côté des ânes, Camélia sur le dos de son nouvel ami. Aucune crainte pour elle, l'âne peut porter jusqu'à trente kilos et développe une affinité particulière avec les petits.
J'ai bien aimé. Je lui ai fait des caresses et parfois il faisait Hi-Han !
Camélia,une petite aventurière
De temps en temps, une petite tape sur la fesse de l'animal et des douces paroles ont permis d'arriver à bon port, à l'issue d'une boucle d'environ deux heures. Pour cette famille, résidant près de La Défense 0 Paris et sans animaux, l'expérience est positive. "On a envie de retenter l'aventure" conclut Julie.
Une activité saisonnière
Les sorties en âne restent une activité saisonnière au sein de la ferme pédagogique, qui vit par ailleurs toute l'année grâce à des visites scolaires. "Entre les frais vétérinaires, le maréchal-ferrant, la nourriture, le matériel, cette activité n'est pas lucrative. C'est ma passion pour l'animal qui me motive" explique Florence. Il faut être consciente des difficultés.
Beaucoup de particuliers abandonnent leurs ânes. Ils ne se rendent pas compte que leur entretien coûte cher.
Florence Bens,"La combe aux ânes"
Pas question non plus de céder aux modes et aux tendances. L'asinerie ne produit pas de lait d'ânesse. Pour faire du lait, il faut séparer la mère de son petit pour la traire, on n'a pas envie de ça et ensuite, il faut trouver des acheteurs pour les ânons. C'est difficile de trouver des acheteurs".
Florence et son mari ne proposent pas non plus de longues randonnées, pour garder un œil sur leurs protégés. Ils préfèrent proposer en parallèle des ateliers de découverte au sein même de leur ferme pour une première découverte de l'animal.