VIDEO. Ma rencontre avec l'incontournable photographe animalier Jérémie Villet

Jérémie Villet est photographe animalier depuis plus de 10 ans. Il a développé une passion dévorante pour l'observation, surtout dans les contrées les plus froides de la planète. Le temps d'une journée, perdu sur une petite ile des Côtes-d'Armor, il s'est confié à Marine Barnérias dans le rendez vous digital Littoral, "Les rencontres Complétement à l'Ouest". Récit à la première personne.

Jérémie Villet est un talentueux photographe animalier capable de s'immerger dans ce que j'appelle "les paradis blancs", à plusieurs milliers de kilomètres de chez lui. Je voulais absolument le faire venir à bord du voilier Littoral, qu’il fasse partie de l’aventure Complètement à l’Ouest, ça me paraissait assez évident ! Je trouve toujours cela déstabilisant les hommes et les femmes qui osent se confronter à l’attente, au temps qui passe, à l’observation du monde qui nous entoure. 

Je voulais le voir passer "du blanc" au "bleu" en lui proposant de monter sur mon bateau ! Je savais que partager son monde silencieux serait difficile à verbaliser mais j’avais confiance : partir en mer permet souvent de libérer la parole… 

La tâche s'est avérée plus compliquée que prévu car il est difficile à joindre le loustic. Son téléphone est souvent en mode silencieux, pour ne pas faire de bruit ou tout simplement gelé avec les températures négatives de l’Alaska.

Et puis la bonne nouvelle arrive, entre deux prises lors d'un tournage, il me répond:  “Pas de souci, je viens ! J’arriverai ce jeudi soir à 22h, ne m’attendez pas car la route est longue !” 

En effet, la route fut longue pour Jérémie, il venait tout juste de quitter l’Alaska et a déboulé à Paimpol  pour nous retrouver. Ce n’est pas le genre de personne à planifier, il préfère se laisser porter par la vie ou tout simplement suivre son instinct animal. 

Enfant, il écoutait le brâme du cerf

Installé dans le carré du petit voilier, Jérémie raconte. Pour lui, tout a commencé dans les forêts qui entourent la ferme familiale, là ou il aimait se réfugier pour écouter le brâme du cerf. 

Il développe très tôt une vraie passion pour la nature, se montre capable de rester des heures à observer la vie foisonnante qui s'y déroule. Très vite, ses échappées sont complétées par la prise de photos.

Plus grand, lorsqu'il est étudiant, Jérémie continue à entretenir ce jardin secret, épaulé par ses parents qui l'ont toujours incité à faire ce qu'ils sentaient bon pour lui. 

Et puis en 2013, le Wildlife Photographer of the Year récompense l'une de ses photos capturée dans les Alpes, un bouquetin perdu dans les nuages. Cette récompense lui permet de lancer sa carrière. 

Dix ans plus tard, Jérémie trouve toujours cela presque irréel. 

C'est bizarre de se dire que la photographie animalière ça peut être un métier. Si ça ne marche pas, tu perds ton métier mais tu prends aussi le risque de gâcher ta passion.

Jérémie Villet,

photographe animalier

La neige pour studio

Jérémie utilise la neige comme un studio, pour ne voir que l'animal et diriger notre regard vers lui. 

"Quand tu vois un animal, tu vois l'environnement dans lequel il vit, dans lequel tu as dû toi aussi vivre pour l'observer. Donc on a envie de retranscrire notre émotion, d'être là, de vivre la même chose que lui". 

Je cherche à comprendre comment Jérémie fait pour se retrouver nez à nez avec un bœuf musqué, un grand tetras ou un renard polaire. Ses images sont comme un songe. 

Une fois débarqué sur l'Île Blanche, Jérémie reprend tout de suite ses réflexes d'observateur. 

"Il y a des milliers d'êtres vivants autour de nous, des coquillages, des algues me dit-il, moi je connais surtout les oiseaux."

Des oiseaux qu'il prend le temps de photographier durant notre courte escapade. 

De retour au bateau, j'aimerais connaître les rêves les plus fous de Jérémie. Je lui propose l'impossible: "Si tu avais une carte blanche, avec un budget illimité, que ferais-tu?"

Sa réponse est surprenante, et tellement à l'image du personnage:

"Ce que j'aimerais bien continuer à faire, et il n'y a pas besoin d'argent pour ça, c'est juste passer ma vie dehors et donner envie aux gens d'aller dehors. J'aime prendre le temps de regarder ce qu'il se passe, juste suivre un petit oiseau ou une chenille. J'espère pouvoir continuer longtemps à m'assoir sous un arbre et regarder la vie, en parler autour de moi. Mes photos, elles servent à ça."

Quand Jérémie a quitté le bateau, je me suis dit que désormais, je pourrai regarder encore différemment toutes ces photos, maintenant que je connais l'homme. 

Ce programme a pu être réalisé grâce au soutien financier de Petit Navire et de l'association pour la plaisance éco-responsable l'Aper . 

Retrouvez le rendez-vous Littoral exclusivement digital : "Les Rencontres Complétement à l'Ouest" présenté par Marine Barnérias sur france.tv.