C'est une véritable guerre des quotas qu'est en train de vivre l'île de Bréhat au coeur de cet été. Pour limiter le surtourisme, la commune de Bréhat a fixé un nombre maximum de visiteurs chaque jour. Pas plus de 4700 personnes. Mais l'une des compagnies, en charge du transport maritime des vacanciers, dénonce un décision déséquilibrée.
"J'ai annulé 4 rotations sur 7 alors qu'il n'y a pas eu un seul jour de surfréquentation touristique en juillet sur Bréhat". David André, le patron de la Compagnie "Sur mer Bréhat" ne ménage pas ses mots au sujet des quotas de touristes qui lui ont été attribués pour le transport de passagers entre le port de l'Arcouest et Bréhat. "Je ne peux transporter que 7% des passagers alors que l'autre compagnie a une autorisation de plus de 90%. Cela ne fait pour moi que 400 passagers alors que je peux en prendre en charge un millier".
Des quotas pour éviter le surtourisme
Pour éviter le surtourisme sur l'archipel de Bréhat, le Conseil départemental des Côtes d'Armor a décidé de fixer des quotas journaliers entre le 22 juillet et le 23 août, période de pic touristique. Pas plus de 4700 personnes sur place sans compter les habitants à l'année, les résidents secondaires et les saisonniers. Une solution drastique pour limiter le plus possible l'impact environnemental du tourisme de masse. Par arrêté départemental, une délégation de service public a été signée avec la compagnie "les navettes de Bréhat". L'accord prévoit que cette société de transport maritime prend en charge au maximum 4000 passagers quotidiennement.
Ce n'est pas à moi de subir cette incompétence de nos politiques.
David Andrédirigeant compagnie "Sur mer Bréhat"
Pour la compagnie de David André, environ dix fois moins de passagers autorisés. "Le Conseil départemental dit qu'on s'est mis d'accord sur ces chiffres. Mais c'est complètement faux. Je les ai dénoncés depuis l'hiver dernier. Cela m'a été imposé." affirme le responsable de "Sur mer Bréhat". Avec des paroles très virulentes : "Comme pour l'an passé, je demande au tribunal administratif d'annuler cet arrêté municipal et les quotas de passagers que le département m'a donnés. Ce n'est pas à moi de subir cette incompétence de nos politiques car il n'y a pas eu d'hyperfréquentation".
Le département ne se permettrait pas de mentir.
Christian CoailPrésident Conseil départemental des Côtes d'Armor
Des attaques que Christian Coail, Président du Conseil départemental des Côtes d'Armor estime "inacceptables." L'élu affirme que "le département ne se permettrait pas de mentir. Il y a eu des quotas répartis entre les compagnies. Il n'y a que cette compagnie qui ne les respecte pas. Le but est de lutter contre le surtourisme et de bien accueillir les gens qui viennent sur place."
Selon le Conseil départemental des Côtes d'Armor, "deux infractions" de la part de la compagnie de David André ont été relevées "depuis le 23 juillet" et des suites judiciaires vont avoir lieu.
Quelqu'un qui se victimise et enfreint les règles
Anne-Lise Corlouerresponsable compagnie "Les navettes de Bréhat"
Joint par téléphone, Anne-Lise Corlouer, la responsable de la compagnie "les navettes de Bréhat" qui a obtenu une délégation de service public pour transporter 4000 passagers, condamne les agissements de la société concurrente. "Le monde maritime est plein de règles qu'il faut respecter. Quand quelqu'un ne les respecte pas, c'est injuste pour les autres".
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Entre les deux compagnies, le climat est même devenu délétère. La patronne des "vedettes de Bréhat" parle de son concurrent comme "quelqu'un qui se victimise et enfreint les règles." Elle ajoute que la compagnie adverse lui a occasionné "fatalement des pertes économiques."
De son côté, David André, patron de "Sur mer Bréhat" affirme qu'il n'y a eu que très peu de dépassements par rapport aux quotas. "En tout, quelques dizaines tout au plus. On me bride alors qu'il n'y a pas d'hyperfréquentation touristique"
À Bréhat, cette guerre des quotas se fait désormais sur un autre champ de bataille, bien loin du littoral. Les tribunaux ont été saisis à la fois par le département mais aussi par la compagnie de transport maritime qui s'estime lésée par les quotas.