Pénurie de stupéfiants : les deux Costarmoricains venaient se réapprovisionner à Nantes

Un quinquagénaire de Lanvollon (Côtes d'Armor) a été condamné ce mercredi 13 mai 2020 en comparution immédiate à trois mois de prison ferme, après s'être rendu pendant le confinement à Nantes (Loire-Atlantique) pour réaliser une transaction dans le cadre d'un trafic de cannabis et de cocaïne.


Jeudi 7 mai 2020, le confinement était toujours d'actualité et les déplacements grandement limités. Cela n'a pas empêché un Costarmorcain de 50 ans, d'aller jusqu'à Nantes (bien au-delà des 100 km, à cette époque, même pas autorisés) pour une affaire de stupéfiants.

Le quinquagénaire de Lanvollon a été interpellé dans les rues nantaises, au volant d'une Audi, sans permis, ni assurance, ni attestation dérogatoire de déplacement. Il était accompagné d'un autre Costarmircain, âgé de 24 ans et habitant Ploufragan.  Un "neveu de coeur" comme il dit.
 

6.500 € dans le caleçon

C'est l'attitude de ce passager qui intrigue alors les policiers : "En sueur", il triturait nerveusement les poches de son bas de survêtement. 6.500 € étaient cachés dans son caleçon. C'est alors que leur acheteur nantais appelle le plus jeune sur son téléphone, pour leur demander d'arriver "rapidement". Appel, intercepté par le policier.

Selon le procureur, les deux Costarmoricains avaient en fait décidé de braver le confinement -qui se terminait quatre jours plus tard- en raison de la "pénurie" de drogue dans les Côtes d'Armor. Ils seraient de toutes manières repartis les mains vides : leur acheteur ayant l'intention de les "arnaquer", selon les dires de son avocat.

Devant le tribunal mercredi, l'aîné des Costramoricain a certifié aux juges nantais qu'il ignorait le motif de ces deux heures de route jusqu'au quartier sensible du Clos-Toreau. "Il [NDLR : son passger] m'a dit qu'il n'avait vraiment personne pour l'emmener à Nantes, mais je ne lui ai pas posé la question de ce qu'il venait faire", a expliqué l'automobiliste sans permis.
 

"Désolant", "aberrant" et "assez surréaliste"


Ce père de quatre enfants a aussi expliqué avoir réellement fait connaissance avec son "neveu de coeur" lors d'un séjour en détention commun à Argentan (Orne). Le jeune de Ploufragan, qui a déjà neuf condamnations au casier, était d'ailleurs sorti de prison le 11 décembre dernier. Leur "acheteur" nantais, est lui aussi très connu de la justice : il a déjà été condamné quinze fois, dont plusieurs pour des affaires de stupéfiants.

Le procureur de la République a jugé pour sa part "désolant", "aberrant" et même "assez surréaliste" de voir les deux Costarmoricains venir à Nantes pour "braver le confinement pour se livrer à du trafic de stupéfiants". Il avait requis un an de prison ferme pour les trois protagonistes de la transaction - avec maintien en détention pour le plus jeune et convocation devant le juge d'application des peines (JAP) pour les deux autres.
 

Coupable de "conduite sans permis" et "sans assurance"


Compte-tenu de l'annulation d'une grande partie de la procédure, l'acheteur a été purement et simplement relaxé par le tribunal correctionnel de Nantes. Le plus jeune des Costarmoricain a, pour sa part, écopé de trois mois de prison avec "sursis probatoire" pour des "violences" sur un policier qui l'avait interpellé (il lui avait donné un coup dans l'avant-bras pour le faire lâcher son téléphone portable.)

Dans le cadre de ce sursis probatoire, il aura interdiction pendant deux ans de recontacter le conducteur du véhicule, qui a lui été simplement reconnu coupable de "conduite sans permis" et "conduite sans assurance" : il a été relaxé pour "association de malfaiteurs" et "blanchiment" d'argent sale. Les juges ont prononcé la restitution de l'Audi et des 6.500 € qui avaient été saisis.

Comme l'avaient plaidé les avocats de la défense, le tribunal correctionnel de Nantes a en effet annulé une grande partie de la procédure : un policier ayant lui-même décroché le téléphone portable du passager, alors que leur acheteur nantais était en train de les appeler, cela constituait selon eux une "perquisition illégale".

Déjà condamné trente-six fois, le conducteur de 50 ans était sorti de prison quinze jours avant les faits... En 2015, lors d'un précédent procès pour trafic de stupéfiants, sa maison avait été surnommée "le coffee-shop de Saint-Brieuc" par les consommateurs qui venaient s'y approvisionner.



 
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