A bord du voilier le Français, une école polaire pour former des ambassadeurs du dérèglement climatique

Après La Rochelle et Saint-Malo, le voilier polaire le Français fait escale à Saint-Brieuc. Sa mission, transmettre aux élèves, du primaire au lycée des connaissances et des outils, pour en faire des ambassadeurs du dérèglement climatique.

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Amarré dans le port du Légué à Saint-Brieuc depuis le 2 décembre, l'élégant  trois-mâts barque le Français fait l'école. Sa mission, sensibiliser les élèves du CM1 au lycée à la fragilité des pôles et au dérèglement climatique.

Une école polaire

Ce jour-là, ce sont les élèves de 1ère année de CAP de la section agriculture du lycée Jean Moulin de Saint-Brieuc qui sont à bord. Des jeunes gens sensibilisés à l'environnement, des questions plein les bottes.

"Notre rôle, c'est de mettre dans l'ordre plein d'éléments qu'ils ont vus ou entendus, pour les remettre dans les bonnes cases, et on travaille aussi sur des solutions concrètes pour qu'il sachent aussi comment agir à leur échelle." explique Mathieu Klitting, directeur de l'école polaire.

Pour Marianne Layec, professeur d'anglais et professeur principale de la classe, cette visite fait partie intégrante de leur formation "Je trouve ça important de savoir ce qu'il se passe sur la Terre, même si c'est à des milliers de kilomètres. On parle de dérèglement climatique, les conséquences on les a tous les jours : des pluies, des tempêtes, des cyclones. Pour moi c'est important qu'ils comprennent".

Ambassadeurs du dérèglement climatique

Longtemps ravitailleur pour le Groenland, le trois-mâts ventru à la double coque de chêne a été construit au Danemark en 1948, pour résister à la pression de la glace. Aujourd'hui il poursuit sa vie de navire des mers froides entre missions scientifiques et éducatives.


"Les régions polaires sont l'épicentre de ce réchauffement climatique que l'on peut ressentir aujourd'hui. Nous on essaie, sans faire culpabiliser les jeunes, de rapprocher ces régions, leur rôle de régulateur du climat, avec nous, notre quotidien, et ce qu'il sera dans 10 ou 50 ans si rien n'est fait. " poursuit Mathieu Klitting.

Sensibilisation à la faune, à la flore de cet univers polaire presque surnaturel, mais aussi géopolitique et ethnologie, l'école polaire dispense trois formations distinctes selon le niveau des élèves. Avec l'ambition d'en faire des ambassadeurs du dérèglement climatique.


"On leur donne la possibilité d'agir et de maîtriser un sujet qui peut être effrayant vu de l'extérieur, si on ne fait rien pour le changer" précise le directeur de l'école.

Désormais ambassadeurs, les élèves de CAP feront profiter de ce qu'ils ont appris à bord aux autres élèves du lycée Jean Moulin lors de la prochaine semaine du développement durable qui y est organisée.

Hommage au commandant Charcot

Initialement baptisé Kaskelot, le voilier polaire a eu droit a une cure de jouvence entre 2013 et 2018, après plus de 50 ans de bons et loyaux services entre la côte-est du Groenland et le Danemark.

Rebaptisé le Français, en hommage au navire éponyme du commandant Charcot,  à bord duquel le médecin-explorateur a mené les premières expéditions scientifiques françaises en Antarctique en 1904, c'est l’un des derniers grands voiliers de tradition en Europe.

Propriété d'un fond de dotation présidé par l'ancien PDG du grand groupe français Suez Jacques Pétry, le Français prend la relève de témoin des pôles.

Une expédition scientifique en 2022

Puissant régulateur du climat global, l'Arctique se réchauffe aujourd’hui 2 à 3 fois plus vite que le reste de la planète. Son dégel accéléré impactera notamment la France, 2e espace maritime mondial.

En 2022, le Français va se lancer dans une expédition inédite, dans une des régions les moins visitées de l’Arctique, épicentre du changement climatique. A son bord, une équipe pluridisciplinaire dont l'objectif est de dresser un portrait de l'Arctique du XXIe siècle, en regard de celui réalisé dans les années 30 à partir des expéditions de Jean-Baptiste Charcot.


"Les campagnes scientifiques de Jean-Baptiste Charcot nous ont laissé des données précises sur les conditions météorologiques, terrestres et marines, offrant un tableau d’un Arctique encore vierge de la crise climatique actuelle. 90 ans plus tard, nous allons mesurer les changements de cet environnement en pleine mutation. Une telle campagne de terrain n’a jamais eu lieu au Groenland. Les données récoltées vont permettre d’affiner la compréhension de cette évolution et de nous préparer aux impacts d’un Arctique en pleine mutation," précise Eric Feunteun, Professeur du Muséum National d’Histoire Naturelle en écologie marine, qui dirigera la mission.

Cartographier les glaciers, le littoral, inventorier les espèces animales et végétales sous-marines et terrestres, mesurer les propriétés de l’océan au large et dans les fjords, comparer toutes ces données avec celles recueillies dans les années 30, ce sont les missions de cette campagne. Avec l'objectif de modéliser l’influence du dérèglement climatique au Groenland sur le climat en France, et de transmettre ces connaissances aux élèves de l'école polaire.

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